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Douleurs au ventre, maux de tête et autres sensibilités physiques et émotionnelles: tous les mois, c'est la même chanson. Si certaines femmes en souffrent plus que d'autres, les règles ont bel et bien un impact sur le quotidien de toutes. Mais les désagréments physiques ne sont pas les seules contraintes liées aux menstruations.
Le budget qui y est consacré est conséquent, et il représente une charge économique supplémentaire. Mais alors, combien coûtent vraiment les règles dans la vie d'une femme?
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Il semble difficile de chiffrer le montant exact des dépenses liées aux menstruations. Les femmes n'ont pas toutes les mêmes règles et n'ont pas besoin des mêmes produits. Toutefois, il existe des coûts évidents, auxquels on ne peut pas échapper.
Les protections hygiéniques, jetables ou réutilisables, correspondent au principal coût des menstruations. Dans les prix bas, on peut trouver un paquet de seize serviettes menstruelles pour 1,39 euro. Pour un flux moyen, il est recommandé de changer de protection en moyenne toutes les quatre heures. Ainsi, une femme doit utiliser en moyenne cinq serviettes (ou tampons) dans une journée. Sur un cycle moyen de cinq jours (là encore, tout dépend des femmes), il faut donc acheter deux paquets par mois, soit 2,78 euros (si l'on prend les moins chères), soit 33,36 euros par an.
Les protections réutilisables, elles, ont l'avantage de durer dans le temps. Seulement, leur coût d'achat n'est pas aussi doux que le coton utilisé pour les culottes de règles. Les cups menstruelles –qui s'insèrent comme des tampons, sont constituées d'une coupe en silicone terminée par une petite tige qui permet de la retirer–, sont estimées aux alentours de 15 euros. Les culottes, elles, sont composées de plusieurs couches qui permettent d'absorber le sang, et leur prix s'élève jusqu'à la trentaine d'euros.
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Est-ce si compliqué de comprendre pourquoi tant de femmes souffrent pendant leurs règles?
En moyenne, une jeune fille a ses premières règles à environ 13 ans. La ménopause, elle, intervient généralement entre 45 et 55 ans. En prenant en compte l'exemple précédent, avec l'achat de protections périodiques jetables premier prix à 1,39 euro –le budget peut doubler voire tripler selon les marques–, une femme ayant eu ses règles pendant trente-cinq ans, qui a utilisé deux paquets de protections par cycle, a dépensé 1.167 euros dans sa vie.
Du côté des protections réutilisables, le budget est moins élevé. Une femme ayant des règles similaires, qui utilise des culottes menstruelles, doit posséder, selon les recommandations, au moins trois culottes pour un cycle. Elles ont une durée de vie maximale de sept ans et coûtent en moyenne 30 euros. Sur les trente-cinq années de menstruation, il faut donc compter 450 euros de budget. Une femme qui utilise une cup doit la changer tous les cinq ans, elle dépense 15 euros à chaque achat. Sur la même période de menstruation, le budget s'élève donc à 105 euros.
Les protections ne sont pas les seules à prendre en compte dans le budget menstruation. Pour les femmes ayant des règles douloureuses, aux dépenses de protection s'ajoute l'achat d'antidouleurs, tels que le paracétamol (Doliprane) ou le phloroglucinol (Spasfon).
Le Monde a créé une calculatrice prenant en compte les spécificités de chacune en matière de flux et de cycle, mais aussi en fonction de la prise d'antidouleurs ou non. D'après ces calculs, une femme dépense environ 7,50 euros par mois en protections et en soins et médicaments. Si cela peut paraître être un montant raisonnable, pour les femmes en situation précaire, il faut parfois choisir entre nourriture et soins menstruels.
Il existe aussi d'autres dépenses dont on parle moins, mais qui méritent tout de même d'être prises en considération. Le sang est réputé pour laisser des taches assez tenaces, qu'elles soient sur les sous-vêtements ou les draps. Bien qu'il soit difficile à chiffrer, le budget shopping se voit alourdi de nouvelles dépenses lorsqu'il faut changer les tissus tachés.
Ainsi, en prenant en compte toutes les dépenses éventuelles liées aux règles, le budget augmente. Une femme avec un cycle de cinq jours, qui a eu ses premières règles à 13 ans et connu la ménopause à 50 ans, qui a utilisé des protections jetables et des antidouleurs, a dépensé, selon la calculatrice du Monde, plus de 3.600 euros dans sa vie.
Le sujet est longtemps resté tabou. En grandissant, les jeunes femmes apprennent à dissimuler leurs serviettes hygiéniques et tampons dans de petites trousses au fond de leur sac. Aujourd'hui, on commence enfin à en parler et à mettre en place des mesures concrètes pour soulager les femmes –physiquement et psychologiquement– lors de cette période.
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Comment l'industrie menstruelle a sali les règles
Le 6 mars 2023, la Première ministre Élisabeth Borne a déclaré qu'à partir de 2024, les protections hygiéniques réutilisables seraient remboursées par la Sécurité sociale pour les moins de 25 ans. En 2022, les cités universitaires du Crous ont annoncé la mise en place d'un dispositif de protections menstruelles gratuites dans leurs établissements –un moyen de venir en aide aux jeunes femmes touchées par la précarité.
La France a tout de même encore des progrès à réaliser pour alléger le coût des règles. En Écosse, par exemple, les protections hygiéniques sont gratuites pour toutes les femmes depuis le 15 août 2022.