Après des années d’absence passées à Bruxelles, Eva, la trentaine, (Charlotte De Bruyne) revient dans son village natal flamand avec la ferme détermination de solder ses comptes avec son passé. Dans sa voiture, elle transporte un bloc de glace. On comprendra plus tard pourquoi. Des flashbacks surgissent qui la ramènent à son enfance de petite fille introvertie et solitaire, mal aimée par sa mère, délaissée par son père et moquée par ses amis qui ne la trouvent pas « canon » ( Rosa Marchant ). Et puis soudain dans le fatras de ses souvenirs, surgit le pire de tous : celui d’un dérapage consécutif à un jeu d’ado pas si innocent que ça, et qui laissera Eva traumatisée…

Pour son premier long métrage, Veerle Baetens (la comédienne du déchirant Alabama Monroë) a choisi d’adapter le best-seller de Lize Spit, récit choc d’un traumatisme vécu par une jeune fille de treize ans. Elle en tire un film tendu et étouffant, qui explore la cruauté des enfants pré-ados chambardés par leurs premiers émois sexuels. On ressort « sonné » de cet Eva, puissant, sans concession, tourné à la bonne distance (sans voyeurisme, mais sans escamotage non plus) et surtout dirigé avec une extraordinaire subtilité. Ce n’est pas un hasard si la jeune Rosa Marchant (16 ans), qui joue Eva jeune, a reçu le Prix d’interprétation au dernier festival de Sundance. Attention ce film intense et émouvant est interdit aux moins de douze ans.

Recommandation : 4 cœurs

Dominique Poncet

À l’hôpital de la Timone à Marseille, deux couples de parents entourent leur enfant, en attente d’un don d’organe, du maximum d’amour et d’attention. Dans ce long chemin vers une possible guérison, ils peuvent compter sur le soutien de l’ensemble des soignants du service pédiatrique. Tous vont vivre une folle odyssée aux airs de grande histoire d’amour…

La carrière de Karim Dridi est assez fascinante. Réalisateur de fictions dans des genres assez différents (le romanesque Le Dernier Vol, le naturaliste Chouf…), le cinéaste est également un documentariste confirmé (Impression d’Afrique du Sud). C’est de nouveau du côté du documentaire qu’il s’aventure avec Revivre, une ode magnifique à la résilience qui est également un beau témoignage sur le dévouement des soignants. Malgré la gravité de son sujet, le film n’est jamais plombant ni sombrant dans une quelconque sensiblerie. Certainement l’un des meilleurs documentaires de ces dernières semaines.

Recommandation: 4 cœurs

Antoine Le Fur

Coup de Trafalgar pour la famille Fukushima : Satoshi, le petit benjamin, perd la vue. Inéluctablement. A neuf ans, il est devenu complètement aveugle. Malgré quelques rares moments de révolte, le petit garçon, soutenu notamment par sa maman qui s’initie au braille, parvient à accepter son handicap et à poursuivre ses études. Mais il s’aperçoit qu’il perd également l’ouïe, jusqu’à se retrouver complètement coupé du monde. C’est encore une fois grâce à sa mère que Satoshi trouvera la force de se battre. Il deviendra même, au Japon, le premier professeur de fac aveugle et sourd.

Inspiré d’une histoire vraie, Satoshi aurait pu tomber dans le pathos et le tire-larmes… C’est tout le contraire. S’il émeut, c’est moins par les souffrances occasionnés par les handicaps de son héros que par l’énergie que déploie sa famille pour les lui faire surmonter. Satoshi est un film où la vie court d’un bout à l’autre, un film doux, tendre et solaire, oui solaire (confère sa photo, magnifique, presque mordorée) sur la capacité des humains à pouvoir transcender les handicaps les plus « désocialisants ». Une superbe leçon de résilience offerte par l’un des espoirs du cinéma japonais.

Recommandation: 4 cœurs

D. Poncet

Jean (Paul Hamy) vit du trafic de drogues. Un quotidien qui lui pèse de plus en plus. Un jour, il décide d’abandonner sa femme Nadia (Jina Djemba) et son fils, pensant les protéger de cette double-vie délinquante. Mais sa cavale va l’entraîner dans une spirale infernale, l’amenant à s’interroger sur son rôle de père…

Premier long-métrage de Gallien Guibert, Rien ni personne est un film d’une grande noirceur. Il se dégage une forme de pessimisme et de résignation dans cette histoire autour de l’abandon. Sombre, violent et ne faisant pas dans la demi-mesure, il donne l’occasion de voir Paul Hamy (Suzanne, Mon roi…) dans l’un des meilleurs rôles de sa carrière. Dommage cependant que le scénario ne soit pas toujours à la hauteur et soit assez attendu par moments. Un film intéressant mais dont on attendait mieux.

Recommandation: 3 cœurs

Antoine Le Fur

Lors du procès d’un ancien nazi à Tel Aviv, Ori (Yona Rozenkier), enfant de déporté, croise par hasard Anna, une romancière française, elle aussi fille de déporté. Ori est bouleversé: il croit reconnaitre en Anna cette femme dont le souvenir le hante depuis qu’ils se sont follement aimés à Turin, 20 ans plus tôt. Anna soutenant qu’ils ne se sont jamais rencontrés, Ori l’emmène au milieu du désert. Dans l’espoir que, dans cet univers « sans ombre », la mémoire va lui revenir…

Dans ce film co-écrit par son réalisateur, Yossi Aviram (La Dune) et son actrice, la comédienne-cinéaste Valéria Bruni-Tedeschi, il est question de mémoire, de transmission, d’intime et bien sûr de la Shoah et de ses traumatismes. S’y entremêlent le pouvoir de la fiction, et par là, celui de l’imaginaire et aussi le poids de la réalité. Cela donne un film douloureux, mystérieux, un peu vain, mais très bien joué, notamment par Valéria Bruni-Tedeschi.

Recommandation : 2 cœurs

D. Poncet

Nous sommes au milieu du XVIIème siècle. Marie de Sévigné voudrait bien faire de sa fille, Françoise, une femme forte, influente et indépendante comme elle. Elle la présente à la Cour de Louis XIV, persuadée de lui ouvrir ainsi les portes d’un grand destin. Mais Françoise préfère rejoindre son mari à Grignan. De plus en plus obsédée par l’idée de trouver le meilleur pour sa fille, Marie n’aura de cesse de tenter de lui imposer sa façon de vivre. Plus elle va insister, plus « sa » Françoise va rebeller… Son excessive tendresse envers sa fille va entrainer les deux femmes dans une relation dévastatrice, mais donner lieu à l’une des plus belles correspondances de l’Histoire littéraire…

C’était une belle idée de traiter des relations mère-fille par le biais de l’adaptation des lettres d’une des épistolières incontournables de la littérature française, et cela, dans cette langue si belle et si châtiée que fut celle du XVII°. La cinéaste Isabelle Brocard dit qu’elle a porté son projet pendant six ans, notamment pour gommer de son projet toute théâtralité. Comment se fait-il alors que son film, semble par moments si lourd et si ampoulé ? Aux dialogues trop écrits? Trop appuyés? Dommage, parce qu’en plus d’être intéressant et bien documenté, ce drame historique est formidablement porté par deux grandes actrices, Karin Viard et Ana Girardot.

Recommandation : 3 étoiles.

D.Poncet

QOSHE - A voir également cette semaine au cinéma : "Débâcle" de Veerle Baetens ; "Revivre" de Karim Dridi - Dominique Poncet
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A voir également cette semaine au cinéma : "Débâcle" de Veerle Baetens ; "Revivre" de Karim Dridi

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28.02.2024

Après des années d’absence passées à Bruxelles, Eva, la trentaine, (Charlotte De Bruyne) revient dans son village natal flamand avec la ferme détermination de solder ses comptes avec son passé. Dans sa voiture, elle transporte un bloc de glace. On comprendra plus tard pourquoi. Des flashbacks surgissent qui la ramènent à son enfance de petite fille introvertie et solitaire, mal aimée par sa mère, délaissée par son père et moquée par ses amis qui ne la trouvent pas « canon » ( Rosa Marchant ). Et puis soudain dans le fatras de ses souvenirs, surgit le pire de tous : celui d’un dérapage consécutif à un jeu d’ado pas si innocent que ça, et qui laissera Eva traumatisée…

Pour son premier long métrage, Veerle Baetens (la comédienne du déchirant Alabama Monroë) a choisi d’adapter le best-seller de Lize Spit, récit choc d’un traumatisme vécu par une jeune fille de treize ans. Elle en tire un film tendu et étouffant, qui explore la cruauté des enfants pré-ados chambardés par leurs premiers émois sexuels. On ressort « sonné » de cet Eva, puissant, sans concession, tourné à la bonne distance (sans voyeurisme, mais sans escamotage non plus) et surtout dirigé avec une extraordinaire subtilité. Ce n’est pas un hasard si la jeune Rosa Marchant (16 ans), qui joue Eva jeune, a reçu le Prix d’interprétation au dernier festival de Sundance. Attention ce film intense et émouvant est interdit aux moins de douze ans.

Recommandation : 4 cœurs

Dominique Poncet

À l’hôpital de la Timone à Marseille, deux couples de parents entourent leur enfant, en attente d’un don d’organe, du maximum d’amour et d’attention. Dans ce long chemin vers une possible guérison, ils peuvent compter sur le soutien de l’ensemble des soignants du service pédiatrique.........

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