Que ceux qui, sonnés par le triomphe de l’extrême droite aux Pays-Bas, crient aujourd’hui à l’épouvantail peroxydé se livrent à un petit exercice d’introspection. Si Geert Wilders, leader du Parti pour la liberté (PVV), souverainiste et islamophobe, a remporté un tel succès, il a un peu été aidé. Bien sûr, il a stratégiquement lissé sa rhétorique anti-islam pendant la campagne pour se concentrer sur le pouvoir d’achat. Mais sa victoire, il la doit aussi au parti du premier ministre actuel, Mark Rutte.

Lire aussi: Aux Pays-Bas, le leader d’extrême droite Geert Wilders joue les trouble-fêtes

Le Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD) s’est livré à une danse du ventre avec Geert Wilders. Et s’est perdu à son propre jeu. En laissant entendre qu’elle était prête à gouverner avec le PVV, Dilan Yesilgöz, tête de liste du parti de centre droit d’orientation libérale-conservatrice, a rompu le «cordon sanitaire» qui entourait le leader populiste. Et cette stratégie de «normalisation» a décomplexé des électeurs. Elle a aussi durci ses positions en matière de migration. Or, c’est bien connu, l’original est généralement préféré à la copie.

Autre facteur qui a favorisé la victoire de Wilders: les Néerlandais ont perdu confiance en leurs institutions politiques en raison de scandales qui ont émaillé l’ère Rutte, dont celui sur les allocations familiales. Ils étaient avides de changements.

Ces explications données, la montée de l’extrême droite en Europe, élection après élection, a de quoi inquiéter. Après la Hongrie, l’Italie, la Suède, la Finlande ou encore la Slovaquie, l’effet domino va-t-il se poursuivre jusqu’aux élections européennes de juin 2024? Bruxelles tremble alors que Geert Wilders menace d’organiser un référendum sur la sortie des Pays-Bas de l’UE.

Les ambitions du «Donald Trump néerlandais» peuvent toutefois encore être freinées. Il n’est pas tout-puissant. Ce n’est qu’en faisant de sérieux compromis qu’il peut espérer former une coalition. Et là encore, l’attitude du VVD, une fois sa défaite avalée, sera déterminante.

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Geert Wilders, ou la victoire d'un leader populiste servie sur un plateau d'argent

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23.11.2023

Que ceux qui, sonnés par le triomphe de l’extrême droite aux Pays-Bas, crient aujourd’hui à l’épouvantail peroxydé se livrent à un petit exercice d’introspection. Si Geert Wilders, leader du Parti pour la liberté (PVV), souverainiste et islamophobe, a remporté un tel succès, il a un peu été aidé. Bien sûr, il a stratégiquement lissé sa rhétorique anti-islam pendant la campagne pour se concentrer sur le pouvoir d’achat. Mais sa victoire, il la doit aussi au parti du premier ministre actuel, Mark Rutte.

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