Le graphorama, c'est quatre infographies sélectionnées chaque semaine par la rédaction pour regarder l'actualité autrement.

Chaque semaine, Alternatives Economiques sélectionne pour vous quatre graphiques qui éclairent différemment l’actualité.

Au menu de ce nouveau graphorama : les difficiles coupes budgétaires que le gouvernement demande à l’Etat français, les inégalités de formation que la réforme du Compte personnel de formation va occasionner, le virage stratégique d’Uber, entreprise qui devient enfin rentable, et les inégalités face aux vacances et aux sports d’hiver.

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Au menu de ce nouveau graphorama : les difficiles coupes budgétaires que le gouvernement demande à l’Etat français, les inégalités de formation que la réforme du Compte personnel de formation va occasionner, le virage stratégique d’Uber, entreprise qui devient enfin rentable, et les inégalités face aux vacances et aux sports d’hiver.

1/ L’Etat français a peu de gras à perdre

La bureaucratie publique française n’est pas particulièrement lourde

Dépenses publiques pour le fonctionnement des services des administrations, en 2021, en % du PIB

Source : Eurostat

« 10 milliards d’euros en moins sur les dépenses de l’Etat ». Face à une croissance revue à la baisse et des recettes fiscales mécaniquement plus faibles que prévu, Bruno Le Maire a annoncé, dimanche 18 février, que l’Etat allait devoir se serrer la ceinture. Et la promesse n’a pas tardé à être tenue. Quatre jours plus tard, un décret précisait le détail des coupes.

Le prix à payer pour cette baisse sera élevé. Car contrairement à une idée répandue, l’Etat français n’est pas un « mammouth bureaucratique ». Ainsi, si l’on observe les dépenses de fonctionnement des administrations publiques au niveau européen, la France se classe parmi les élèves efficaces. Il y a donc peu de « gras » à enlever sur le supposé mammouth, mais plutôt le risque d’une dégradation des services publics.

Arnaud Bontemps, porte-parole du collectif « Nos services publics », a ainsi calculé que ces coupes budgétaires vont se traduire par des suppressions massives de postes : 8 000 dans l’enseignement scolaire, 7 500 dans la recherche, 1 700 dans la défense, 1 200 dans l’agriculture et l’alimentation ou encore 300 dans la justice. Bien sûr, des efforts seront également faits en matière de fournitures (énergie) ou de conditions de travail des agents (immobilier, déplacements). Mais ce travail a déjà commencé depuis longtemps, laissant peu de perspectives d’économies supplémentaires.

L’autre moitié de la baisse de 10 milliards d’euros sera réalisée en réduisant la voilure sur certaines politiques, à l’image des aides accordées aux ménages pour la rénovation thermique des logements. Dans son intervention télévisée, le ministre de l’Economie s’est enorgueilli de « ne pas augmenter les impôts ». Mais comme le rappelle Arnaud Bontemps, « quand Bruno Le Maire nous dit que ça ne touchera pas les Français, ce n’est pas vrai, car ce sont les premiers concernés par la baisse des dépenses pour les services publics ».

Vincent Grimault

2/ Il va falloir payer plus se former et cela va accroître les inégalités

CPF : Les plus diplômés se financent davantage leur formation

Part d'utilisateurs du CPF avec un reste à charge et montant moyen de l'abondement, en fonction du diplôme détenu par les utilisateurs, pour l'ensemble des formations CPF devant débuter en septembre 2022 en France

Source : Dares

Le gouvernement l’a dit clairement : « Tout le monde va se serrer la ceinture. » Parmi les mesures devant conduire le pays à faire 10 milliards d’économies, l’exécutif a annoncé la mise en place d’une participation forfaitaire des salariés pour pouvoir mobiliser leur compte personnel de formation (CPF). Concrètement, ils devront assumer un reste à charge représentant au moins 10 % du prix de la formation désirée.

La mesure, qui sera mise en œuvre dès cette année, « permettra de générer 200 millions d’euros d’économies [sur un coût total du CPF pour les finances publiques de 2 milliards d’euros, NDLR] », précise le ministre délégué chargé des Comptes publics, Thomas Cazenave.

Aujourd’hui, 8 % des personnes devant entrer en formation CPF mettent déjà la main à la poche pour se former, indique une note du ministère du Travail. Quelles sont-elles ? En grande majorité, des moins de 30 ans, des indépendants, des cadres, des personnes inscrites à France Travail tout en étant en emploi, ainsi que les plus diplômés (bac +4 et bac +5). Bref, des actifs déjà qualifiés et plutôt bien insérés sur le marché du travail. Ce n’est pas surprenant lorsqu’on sait que le reste à charge représentait en moyenne 650 euros pour les formations devant débuter en septembre 2022.

La nouvelle mesure risque donc d’accentuer le défaut structurel de la formation en France, celui d’être surtout réservé à ceux qui sont déjà qualifiés. Seule éclaircie au tableau : Catherine Vautrin a annoncé que les personnes au chômage seront exonérées du futur reste à charge. La nouvelle ministre du Travail doit rencontrer les partenaires sociaux cette semaine avant d’arbitrer toutes les autres modalités de la mesure.

Audrey Fisné-Koch

3/ Uber rentable pour la première fois en quinze ans

Après avoir engrangé des milliards de pertes, Uber dégage un bénéfice

Chiffre d'affaires et résultat d'exploitation d'Uber, en milliards de dollars

Source : Comptes de l’entreprise

Uber sera-t-il un jour rentable ? Voilà la question récurrente que se posaient les observateurs de l’économie numérique ces dernières années. Et près de quinze ans après sa création, la réponse est tombée : en 2023, pour la première fois, l’entreprise de transport en VTC a dégagé un bénéfice, avec un résultat d’exploitation positif de 1,1 milliard de dollars.

Jusqu’alors, l’entreprise américaine avait accumulé les pertes financières, avec plus de 30 milliards de dollars cumulés sur la dernière décennie. Uber ne survivait alors que grâce à des d’investisseurs qui continuaient à apporter du cash à la firme dans l’espoir d’un retour sur investissement. C’est le mode de développement des entreprises du numérique : elles se financent par levées de fonds successives et espèrent équilibrer leurs comptes une fois qu’elles ont acquis une certaine taille critique. Mais en chemin, beaucoup font faillite, alimentant ainsi les craintes sur des bulles des entreprises de la tech, liées en partie à des survalorisations.

Uber a réussi à dégager des bénéfices du fait d’un double recentrage. Le premier concerne ses activités : l’entreprise se concentre désormais sur le transport VTC et la livraison de repas via Uber Eats. Sur ce dernier secteur, elle est dans une situation dominante dans de nombreux endroits. Le second recentrage est géographique, l’entreprise ayant quitté certains pays comme la Chine et la Russie.

Cette nouvelle phase de développement qui s’ouvre pour l’entreprise ne résout cependant nullement les questions de fond qui demeurent depuis sa création : celles du statut et de la rémunération des livreurs et chauffeurs. L’entreprise refuse toujours le salariat et préfère le statut d’indépendant. Si son modèle économique semble s’approcher de l’équilibre, on ne peut pas en dire de même du modèle social.

Justin Delépine

4/ Vacances d’hiver : tout schuss sur les inégalités

Moins d’un français sur dix part à la montagne

Part des personnes partant à la montagne en hiver, selon la catégorie sociale

Source : Credoc / Observatoire des inégalités

Nouveau psychodrame lors de la grève à la SNCF durant le week-end du 17 et 18 février : les contrôleurs ayant cessé le travail auraient « pris en otage » les Français qui languissaient de prendre quelques jours de vacances à la montagne. Mais quels Français, exactement ?

L’omniprésence médiatique des reportages sur les séjours à la neige tend à faire oublier que seuls 9 % des Français ont pris des vacances d’hiver en 2023. Un chiffre récent qui confirme le dernier dont on disposait (2010). Cette proportion grimpe à 20 % chez les cadres et professions intellectuelles supérieures.

Comme le rappelle l’Observatoire des inégalités, pour partir à la montagne en début d’année, il faut non seulement disposer des moyens financiers importants pour s’offrir un loisir très onéreux (d’autant plus en période d’inflation élevée), mais aussi avoir beaucoup de jours à poser, alors que la majorité des salariés n’ont que cinq semaines de congés payés. Largement invisibilisées, ces inégalités ont toutes les chances de résister davantage que la neige face au réchauffement climatique.

Xavier Molénat

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L’Etat français n’est pas un mammouth administratif et 3 autres infographies à ne pas rater

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22.02.2024

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1/ L’Etat français a peu de gras à perdre

La bureaucratie publique française n’est pas particulièrement lourde

Dépenses publiques pour le fonctionnement des services des administrations, en 2021, en % du PIB

Source : Eurostat

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« 10 milliards d’euros en moins sur les dépenses de l’Etat ». Face à une croissance revue à la baisse et des recettes fiscales mécaniquement plus faibles que prévu, Bruno Le Maire a annoncé, dimanche 18 février, que l’Etat allait devoir se serrer la ceinture. Et la promesse n’a pas tardé à être tenue. Quatre jours plus tard, un décret précisait le détail des coupes.

Le prix à payer pour cette baisse sera élevé. Car contrairement à une idée répandue, l’Etat français n’est pas un « mammouth bureaucratique ». Ainsi, si l’on observe les dépenses de fonctionnement des administrations publiques au niveau européen, la France se classe parmi les élèves efficaces. Il y a donc peu de « gras » à enlever sur le supposé mammouth, mais plutôt le risque d’une dégradation des services publics.

Arnaud Bontemps, porte-parole du collectif « Nos services publics », a ainsi calculé que ces coupes........

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