Il y a quatre matchs au programme de la Ligue nationale de hockey ce soir.

Mathieu Olivier des Blue Jackets de Columbus sera en action face à l’Avalanche du Colorado qui compte dans ses rangs Josh Manson.

Çà et là dans la Ligue nationale sont éparpillés de bons joueurs de hockey qui ont la particularité d’assurer le service à la clientèle, d’assurer la sécurité de leurs coéquipiers.

Ces joueurs se font de plus en plus rares, mais ils existent encore... seulement ils ont évolué. Ils sont aujourd’hui de plus en plus l’égal de ce qu’ils étaient dans les années 70 et 80 alors que des gars comme Chris Nilan redressaient les torts et ne refusaient jamais une invitation, mais qui a enfilé des saisons de 16, 21 et 19 buts successivement avec le Canadien, tout en cumulant 338, 358 et 274 minutes de pénalités.

Cette race particulière de favoris de la foule, des joueurs teigneux, mais possédant certaines habiletés a laissé place à une classe de bagarreur pur, des durs sur la sauce payée uniquement pour jeter les gants.

Ces gars-là ont eu la cote pendant 20 ans. L’archétype de ce joueur est John Kordic qui outre une saison de neuf buts en 89-90 à Toronto n’en a jamais marqué plus que cinq. C’était avec le Canadien quelques années plus tôt.

La liste des semblables de Kordic est longue, trop longue, et elle compte son lot de gars aujourd’hui décédés, Kordic notamment, mort d’une overdose à 27 ans seulement dans un motel minable de Québec en 1992.

Rick Rypien s’est suicidé à 27 ans seulement lui aussi. À 28 ans Derek Boogard a fait une surdose lui aussi. Bob Probert est quasiment mort en vieillard à 45 ans. 45 ans, c’est pourtant si jeune pour voir son cœur lâché et cesser de battre tout simplement.

Steve Montador a trouvé la mort à 35 ans, seulement quatre jours avant la naissance de son fils. À 49 ans seulement, Todd Ewen, ex-dur à cuire du Canadien s’est enlevé la vie, ne parvenant pas à surmonter la dépression.

Wade Belak s’est donné la mort à 35 ans en 2011, incidemment la même année où sont morts Rypien et Boogard, une année sombre avec trois décès en quelques mois, trois gars issus de la mode des purs matamores qui sans jeter les gants ne seraient jamais même passés proche de jouer dans la Ligue nationale de hockey.

Des chercheurs de la prestigieuse Université Columbia de New York confirment en publiant une vaste étude que les bagarreurs de la Ligue nationale de hockey meurent 10 ans plus jeunes en moyenne que leurs coéquipiers qui mettent de la colle dans leurs gants.

La cause de leur décès est rarement naturelle, jamais ou presque de vieillesse. Les décès par suicide se multiplient chez ce type de joueur, mais aussi par surdose de drogue et/ou de médicaments et dans plusieurs cas aussi de maladies neurodégénératives attaquant le système nerveux central. Les cas d’encéphalopathie traumatique chronique se décuplent sans que la Ligue nationale ne tente avec conviction de les diminuer par des règles massue.

François Gagnon avait ce commentaire brillant sur « x » cette semaine lorsqu’il se demandait comment la LNH pouvait punir un joueur qui ne rentre pas immédiatement au banc après avoir perdu son casque protecteur et à la fois permettre au même gars de retirer son casque pour éviter de se casser une main en se battant. En matière de gestion tordue, c’est difficile de faire pire.

Mais le problème reste criant parce que de l’intérieur personne ne veut le corriger. N’importe quel sondage interne de l’Association des joueurs donnera gagnante avec une majorité écrasante l’option du maintien des bagarres. Même chose chez les propriétaires des équipes. Même les arbitres consultés par mon camarade Renaud Lavoie lui disent que les bagarres sont essentielles au maintien de la loi et de l’ordre dans un match de hockey.

Quel est l’intérêt de tout ce beau monde à s’enfoncer la tête dans le cul pour ne pas voir les dégâts atroces que le phénomène des bagarres apporte ? C’est toujours le même intérêt, il est financier. S’il n’y a plus de bagarres, est-ce que la Ligue nationale va convenir que deux arbitres sur la glace vont suffire plutôt que quatre ?

Les propriétaires de certains marchés redneck américains vont-ils vendre encore moins de billets si les gants ne tombent plus ? Suivez la trace de l’argent et vous trouverez toujours le motif profond entourant une décision, aussi absurde puisse-t-elle être, ce qui est précisément le cas en ce qui nous occupe ici.

Le problème c’est que les toughs meurent, mais après leurs carrières. Le jour où un de la gang va mourir dans la nuit suivant un combat des suites d’une hémorragie cérébrale causée par une rangée de coups de poing encaissée et non par un choc de sa tête sur la glace. Alors là peut-être que la Ligue nationale sera devant l’obligation de réagir et enfin d’agir ?

Quand je regarde le jeune Matt Rempe des Rangers, je trouve qu’il est un agneau potentiel à être sacrifié en plein colisée.

QOSHE - S'enfoncer la tête dans le cul - Jean-Charles Lajoie
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S'enfoncer la tête dans le cul

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23.03.2024

Il y a quatre matchs au programme de la Ligue nationale de hockey ce soir.

Mathieu Olivier des Blue Jackets de Columbus sera en action face à l’Avalanche du Colorado qui compte dans ses rangs Josh Manson.

Çà et là dans la Ligue nationale sont éparpillés de bons joueurs de hockey qui ont la particularité d’assurer le service à la clientèle, d’assurer la sécurité de leurs coéquipiers.

Ces joueurs se font de plus en plus rares, mais ils existent encore... seulement ils ont évolué. Ils sont aujourd’hui de plus en plus l’égal de ce qu’ils étaient dans les années 70 et 80 alors que des gars comme Chris Nilan redressaient les torts et ne refusaient jamais une invitation, mais qui a enfilé des saisons de 16, 21 et 19 buts successivement avec le Canadien, tout en cumulant 338, 358 et 274 minutes de pénalités.

Cette race particulière de favoris de la foule, des joueurs teigneux, mais possédant certaines habiletés a laissé place à une classe de bagarreur pur, des durs sur la sauce payée uniquement pour jeter les gants.

Ces gars-là ont eu la cote pendant 20 ans. L’archétype de ce joueur est John Kordic qui outre une saison de neuf buts en 89-90 à Toronto n’en a jamais marqué plus que cinq. C’était avec le Canadien........

© TVA Sports


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