Le financement du système de santé suisse est sous forte pression. Le moment n’est donc pas idéal pour laisser deux acteurs majeurs, en l’occurrence les cliniques privées et les caisses maladie, prendre en otage leurs patients. Au-delà de l’accès aux soins qui va se compliquer, c’est l’accélération du principe de médecine à deux vitesses qui se joue en filigrane de ce bras de fer.

Pas question d’abord de laisser les assurances complémentaires sur le bord du chemin, leur rôle est loin d’être négligeable. Quand il s’agit de réfléchir à des interventions hospitalières, plus d’un quart de la population suisse plébiscite ce type de produit, convaincu d’être plus à l’aise dans ces moments délicats de la vie avec des prestations qui vont au-delà de celles remboursées par l’assurance de base. Ce faisant, les complémentaires financent en partie aussi les établissements publics. Sans elles, la hausse des coûts de la santé à charge de l’assurance obligatoire de soins serait plus vertigineuse encore.

En marge des crispations de ce printemps, il devient urgent d’exiger davantage de transparence de la part des cliniques privées, comme des assureurs. La Finma, qui surveille le marché des assurances complémentaires, a exigé qu’un gros effort soit fait en ce sens, mais le processus est lent. Quand il est clair que chaque établissement négocie chaque année avec chaque caisse tout un éventail de prestations, on comprend mieux pourquoi. La complexité du système sert de repoussoir à toute tentative de transparence. Mais les blocages actuels bousculent l’opacité, et laissent entrevoir des doubles facturations et des tarifs tellement différenciés qu’ils en deviennent difficiles à justifier de la part des cliniques. De l’autre côté, le recours à davantage de traitements ambulatoires payés par la seule assurance de base aurait permis des économies qui n’ont jamais été répercutées sur les primes des complémentaires. Un partout.

Aujourd’hui, à chacun de prendre ses responsabilités pour que les assurés ne soient pas lésés, car une perte de confiance envers les complémentaires nuirait à tout le système. Au moment où le politique cherche à freiner la hausse des coûts de la santé à charge de l’assurance obligatoire des soins, les complémentaires peuvent proposer des alternatives. Mais sans confiance, toute évolution du système vers plus de pragmatisme sera bloquée. Les acteurs privés sont désormais au pied du mur: contraints de s’entendre pour le bien des patients, mais aussi pour la crédibilité d’un système qui leur fait la part belle.

QOSHE - Assurances complémentaires: gare à la perte de confiance - Nicole Lamon
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Assurances complémentaires: gare à la perte de confiance

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30.04.2024

Le financement du système de santé suisse est sous forte pression. Le moment n’est donc pas idéal pour laisser deux acteurs majeurs, en l’occurrence les cliniques privées et les caisses maladie, prendre en otage leurs patients. Au-delà de l’accès aux soins qui va se compliquer, c’est l’accélération du principe de médecine à deux vitesses qui se joue en filigrane de ce bras de fer.

Pas question d’abord de laisser les assurances complémentaires sur le bord du chemin, leur rôle est loin d’être négligeable. Quand il s’agit de réfléchir à des interventions hospitalières, plus d’un quart de la population suisse plébiscite ce........

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