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La neutralité reste la trame profonde sur laquelle repose in fine la politique extérieure suisse. Elle est plus ou moins visible, plus ou moins élastique, mais elle résiste à l’usure du temps comme aux arguments les plus rationnels sur son obsolescence. Formatant l’être suisse en observateur détaché, se tenant hors jeu par une prudence qui empoisonne à l’avance toute idée d’alliance, elle résiste à l’impopularité. L’UDC exploite politiquement ses affects identitaires par une opération à succès: la Suisse neutre est en effet une Suisse riche. S’il est audacieux d’affirmer qu’elle est riche parce que neutre, on peut en tout cas assurer que la neutralité n’a pas entravé sa richesse. Il n’y a pas de situation où la neutralité a été une solution désavantageuse. Son bilan historique soutient par conséquent sa notoriété, l’avenir devant nécessairement ressembler au passé.

Pour l’historien Thomas Maissen, la neutralité s’est installée peu à peu comme pratique des Suisses au XVIIe siècle à la suite de la défaite des cantons réformés contre les cantons catholiques à la bataille de Kappel en 1531. Les Confédérés se découvraient gravement divisés par leurs religions. Ils ont alors choisi de maîtriser la violence de leurs croyances religieuses pour sauver un bien encore plus précieux à leurs yeux: leurs privilèges et autonomie par rapport à l’Empire. L’impartialité avait beau être contraire à la vérité de la vraie foi, elle était nécessaire à la survie de l’alliance confédérée, considérée comme d’intérêt supérieur.

QOSHE - La neutralité, le monument aux Suisses jamais morts - Joëlle Kuntz
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La neutralité, le monument aux Suisses jamais morts

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17.04.2024

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La neutralité reste la trame profonde sur laquelle repose in fine la politique extérieure suisse. Elle est plus ou moins visible, plus ou moins élastique, mais elle résiste à l’usure du temps comme aux arguments les plus rationnels sur son obsolescence. Formatant l’être suisse en........

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