Il était 9 heures du matin et ça cognait à la porte chez Denise. « Prenez vos effets personnels pour quelques jours. Il faut quitter l’appartement à 11 heures. » Denise a fait sa valise et s’en est allée chez sa plus jeune, à dix minutes de chez elle. Denise, c’est ma mère ; sa plus jeune, c’est ma sœur. L’histoire se déroule dans une banlieue à 45 minutes de Montréal.

Sur le coup, l’adrénaline a embarqué, et ma mère, comme les 47 autres locataires de l’immeuble de 36 logis, attendait la suite. Lors d’une réunion quelques jours plus tard, ils ont appris que lors d’une inspection, des fissures aux fondations, sur les planchers et sur les murs de l’immeuble avaient été détectées. De préoccupants problèmes de structure causaient un risque d’effondrement et la gravité de la situation ne leur permettrait pas de regagner leur logement. On les évacuait, sans pouvoir leur fournir plus d’information pour le moment. Sans leur dire si la bâtisse allait être réparée ou démolie.

Ma mère allait devoir se reloger, peut-être même se remeubler. On ne savait pas si elle allait pouvoir récupérer ses affaires : meubles, vêtements, nourriture, et aussi tous les cadeaux qu’elle avait achetés pour la famille, ses petits-enfants, etc. C’est à ce moment-là que Denise, 80 ans, a encaissé le choc. Cet appartement, c’était son cocon, un endroit où elle se sentait bien, non loin de l’hôpital où elle a travaillé toute sa vie comme infirmière et où elle fait encore du bénévolat, avec un petit balcon côté soleil qu’elle fleurissait chaque printemps et où elle aimait s’installer avec un café, ses toasts à la marmelade et ses........

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