En jouant la carte de l’écologie et du vivre-ensemble, en restant à dimensions humaines, le syndic Partie commune réinvente son activité et propose une alternative aux grands groupes dominant le marché.

« Dans notre immeuble, il y a une bonne entente entre les voisins, beaucoup d'entraide et de partage. Il y a quelques mois, après avoir eu quelques déconvenues avec notre ancien syndic de copropriété, nous en avons cherché un qui soit proche de nos valeurs », raconte Lise Bourges, copropriétaire d'un immeuble de 19 lots dans le centre de Nantes

« Dans notre immeuble, il y a une bonne entente entre les voisins, beaucoup d’entraide et de partage. Il y a quelques mois, après avoir eu quelques déconvenues avec notre ancien syndic de copropriété, nous en avons cherché un qui soit proche de nos valeurs », raconte Lise Bourges, copropriétaire d’un immeuble de 19 lots dans le centre de Nantes.

Le choix s’est porté sur Partie commune, un syndic d’un nouveau genre créé en mai 2022 par deux Nantais convaincus qu’il est possible de gérer les copropriétés en mettant l’accent sur « l’écologie et le vivre-ensemble ».

Les 400 m² d’espaces verts qui entourent l’immeuble de Lise sont désormais entretenus par un jardinier qui vient à vélo et travaille avec les habitants. Un compost partagé sera bientôt installé, un planning de travaux de la façade et de la toiture du bâtiment a « enfin » été acté.

Thomas Maréchal, cofondateur de Partie commune, a beaucoup entendu de proches se plaindre de syndics « inactifs ou absents ». Son crédo est qu’il est possible de « générer de l’impact écologique et social » dans les parties communes des immeubles.

Gestion des déchets, place du vélo, espaces communs, fournisseur d’électricité, entreprise de nettoyage, paysagistes... les points sur lesquels agir sont nombreux.

« Nous proposons aux copropriétaires de solliciter des entreprises plus vertueuses et locales. Pour les travaux, nous privilégions les artisans qui se déplacent à vélo », explique-t-il.

Des « chefs d’orchestre » de la rénovation énergétique

« Notre objectif est que les copropriétaires se réengagent un peu plus dans les AG et dans les conseils syndicaux. Cela passe par l’information et la sensibilisation. Nous avons travaillé avec un studio graphique pour rendre les documents juridiques et comptables plus accessibles », explique Aurore Magnin, co-associée.

Il s’agit d’être « moteur » sur la rénovation énergétique. « Nous nous sommes formés sur ces sujets. Nous agissons comme un chef d’orchestre qui aide les copropriétaires à mobiliser les bons acteurs pour trouver des aides techniques et financières. »

Aurore Magnin a travaillé pour un gros groupe de la gestion immobilière durant une dizaine d’années, une expérience qui a forgé son avis critique, non pas contre les gestionnaires eux-mêmes, mais contre les logiques marchandes de la profession.

« Dans les métiers de l’immobilier, il y a une recherche de forts taux de rentabilité. On parle beaucoup de pierre-papier [placements financiers dans l’immobilier, NDLR], pas assez des habitants. »

Partie commune s’est déclaré entreprise de l’économie sociale et solidaire (ESS), c’est-à-dire d’utilité sociale, à lucrativité limitée et à gouvernance participative, et revendique être le seul syndic de copropriété de l’ESS en France.

« Chez beaucoup de syndics, les gestionnaires ont des portefeuilles trop chargés, jusqu’à 70 immeubles. Dans ces conditions, la qualité ne peut pas être au rendez-vous. Chez Partie commune, nous souhaitons ne pas dépasser une trentaine d’immeubles par gestionnaire. »

Un secteur amené à évoluer

Il y a près de 10 millions de logements en copropriété en France, dont 90 % gérés par des syndics professionnels. Les grands groupes concentrent plus de la moitié du marché, selon une enquête réalisée dans le cadre de ce programme. Le reste est géré par des cabinets indépendants historiques ou des start-up1, avec des frontières poreuses entre ces trois catégories.

Il y a près de 10 millions de logements en copropriété en France, dont 90 % gérés par des syndics professionnels

En juin 2021, le Plan urbanisme construction architecture (Puca), service rattaché au ministère de l’Ecologie, a lancé un programme de recherche pour « mieux comprendre les copropriétés ordinaires et, ce faisant, leur capacité à s’inscrire dans la ville durable », explique Eva Simon, qui coordonne ce programme2.

« Les politiques publiques donnent de plus en plus de rôles aux syndicats de copropriété, mais il y a eu jusqu’ici peu de recherches sur le sujet. »

Une équipe travaille notamment sur les mutations du métier de syndic, en essayant de comprendre quels sont les freins et les leviers pour qu’ils s’engagent dans la rénovation énergétique.

Aussi est-il « très intéressant que de nouveaux acteurs comme Partie commune investissent les questions de pédagogie », souligne Eva Simon, qui cite un autre exemple d’initiative « complémentaire » : la Copro des possibles, un programme de formation sur la rénovation énergétique pour les copropriétaires et les syndics.

Partie commune gère actuellement une trentaine d’immeubles dans l’agglomération nantaise. L’entreprise aimerait continuer à se développer et mettre « plus de participatif dans l’habitat collectif » un peu partout en France.

En principe, l’habitat participatif, ou habitat groupé, implique la mutualisation de certains espaces (jardin, chambre d’amis, salles d’activité…), en immeuble ou en petit lotissement.

Il est difficile d’estimer combien de copropriétaires sont prêts à s’investir plus dans la gestion commune de leur immeuble. Mais l’option participative moins exigeante que propose Partie commune pourrait trouver son public.

QOSHE - A Nantes, un syndic de copropriété fait prendre l’ascenseur à l’intérêt général - Héloïse Leussier
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A Nantes, un syndic de copropriété fait prendre l’ascenseur à l’intérêt général

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20.05.2024

En jouant la carte de l’écologie et du vivre-ensemble, en restant à dimensions humaines, le syndic Partie commune réinvente son activité et propose une alternative aux grands groupes dominant le marché.

« Dans notre immeuble, il y a une bonne entente entre les voisins, beaucoup d'entraide et de partage. Il y a quelques mois, après avoir eu quelques déconvenues avec notre ancien syndic de copropriété, nous en avons cherché un qui soit proche de nos valeurs », raconte Lise Bourges, copropriétaire d'un immeuble de 19 lots dans le centre de Nantes

« Dans notre immeuble, il y a une bonne entente entre les voisins, beaucoup d’entraide et de partage. Il y a quelques mois, après avoir eu quelques déconvenues avec notre ancien syndic de copropriété, nous en avons cherché un qui soit proche de nos valeurs », raconte Lise Bourges, copropriétaire d’un immeuble de 19 lots dans le centre de Nantes.

Le choix s’est porté sur Partie commune, un syndic d’un nouveau genre créé en mai 2022 par deux Nantais convaincus qu’il est possible de gérer les copropriétés en mettant l’accent sur « l’écologie et le vivre-ensemble ».

Les 400 m² d’espaces verts qui entourent l’immeuble de Lise sont désormais entretenus par un jardinier qui vient à vélo et travaille avec les habitants. Un compost partagé sera bientôt installé, un planning de travaux de la façade et de la toiture du bâtiment a « enfin » été acté.

Thomas Maréchal, cofondateur de Partie........

© Alternatives Économiques


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