Les pensées suicidaires, tentatives de suicide et gestes d’automutilation augmentent chez les jeunes. Les filles sont particulièrement concernées par ce phénomène préoccupant, surtout dans la tranche d’âge de 10 à 14 ans.

Depuis le Covid, on le sait, les jeunes vont mal. Et ça ne s’améliore pas. Ils ont toujours le moral dans les chaussettes, malgré Santé Psy Etudiant, MonPsy et autres dispositifs censés faciliter leur recours à des thérapeutes, et malgré la fin des confinements, qui semblent aujourd’hui loin derrière nous. La santé mentale est devenue un sujet pris au sérieux dans le débat public, sans que cela résolve le problème.

Tous les indicateurs le confirment. Entre 2014 et 2021, les pensées suicidaires ont…

Depuis le Covid, on le sait, les jeunes vont mal. Et ça ne s’améliore pas. Ils ont toujours le moral dans les chaussettes, malgré Santé Psy Etudiant, MonPsy et autres dispositifs censés faciliter leur recours à des thérapeutes, et malgré la fin des confinements, qui semblent aujourd’hui loin derrière nous. La santé mentale est devenue un sujet pris au sérieux dans le débat public, sans que cela résolve le problème.

Tous les indicateurs le confirment. Entre 2014 et 2021, les pensées suicidaires ont plus que doublé chez les 18-24 ans, passant de 3,3 % à 7,2 %. Dans les autres classes d’âge, au contraire, la prévalence est restée stable à 4,2 %.

Ce sont les résultats du dernier baromètre de Santé Publique France sur le sujet, publié début février, établi à partir des déclarations d’un échantillon de 30 000 personnes en France métropolitaine et dans les départements et régions d’outre-mer, ou DROM (Guadeloupe, Martinique, Guyane, Réunion, hors Mayotte).

Quid du passage à l’acte ? Les tentatives de suicide suivent une courbe encore plus inquiétante : au cours des douze derniers mois, elles ont augmenté de plus de 60 % entre 2017 et 2021 chez les 18-24 ans (de 0,7 % en 2017 à 1,1 % en 2021) ; chez la même population, sur l’ensemble de leur vie, elles ont augmenté de 50 %, passant de 6,1 % à 9,2 % entre 2017 et 2021.

Les jeunes femmes sont particulièrement concernées. Elles présentent « un sur-risque significatif de pensées suicidaires et de tentatives de suicide », relève encore Santé Publique France. La prévalence des pensées suicidaires atteint 9,4 %, celle des tentatives de suicide au cours de la vie s’élève à 12,8 %, et celle au cours de l’année, à 2 %.

Dégradation préoccupante dans la population féminine

Ces résultats constituent « un changement important puisqu’elles étaient inférieures ou comparables aux autres tranches d’âge de la population dans les baromètres santé qui ont précédé la pandémie de Covid-19 », note l’institution. Si le Covid est un facteur explicatif important, il ne suffit toutefois pas à rendre compte du phénomène qui perdure ces dernières années.

En 2022 et 2023, les passages aux urgences pour geste suicidaire et troubles de l’humeur chez les jeunes restent élevés, comme le confirment les points mensuels de Santé Publique France.

Le baromètre de SPF n’interroge pas les jeunes de moins de 18 ans. Mais la situation n’est guère meilleure auprès de la population adolescente qui a « l’inconvénient » d’être trop âgée pour être suivie en pédopsychiatrie, sans être pour autant identifiée comme public cible de la psychiatrie adulte.

Les hospitalisations pour « geste auto-infligé », c’est-à-dire les tentatives de suicide ou les automutilations, sont en forte hausse pour les adolescentes et les jeunes filles et jeunes femmes. En 2022, près de 76 000 personnes ont été hospitalisées à ce titre en court séjour somatique (l’hôpital « classique », distinct de la psychiatrie), dont 64 % de femmes. Ces chiffres sont comparables à ceux d’avant la crise sanitaire, mais ils masquent des évolutions frappantes.

Pour les filles de 10 à 14 ans, c’est une augmentation de 63 % entre les années 2021-2022 et les années 2015-2019 ; pour les adolescentes âgées de 15 à 19 ans, + 42 % sur la même période ; et pour les jeunes femmes âgées de 20 à 24 ans, + 32 %. Des « augmentations brutales », note le service statistique du ministère de la Santé, la Drees, d’autant plus que les mêmes chiffres pour les patientèles des autres catégories de la population décroissent ou restent stables.

Alors que faire ? Les questions de santé mentale ne sont pas dissociables des questions de santé en général. Tant que le gouvernement considèrera que la santé est un poste sur lequel il faut faire des économies (70 millions d’euros concernent la santé sur les 10 milliards d’euros d’autorisations d’engagement annulées) ou qu’il applique le « quoi qu’il en coûte » à mauvais escient, en concédant à la médecine libérale une augmentation à 30 euros de la consultation chez le généraliste, ce qui équivaut à une dépense supplémentaire de plus d’un milliard d’euros, cela ne marchera pas.

QOSHE - Santé mentale des jeunes : les indicateurs toujours au rouge - Céline Mouzon
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Santé mentale des jeunes : les indicateurs toujours au rouge

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19.03.2024

Les pensées suicidaires, tentatives de suicide et gestes d’automutilation augmentent chez les jeunes. Les filles sont particulièrement concernées par ce phénomène préoccupant, surtout dans la tranche d’âge de 10 à 14 ans.

Depuis le Covid, on le sait, les jeunes vont mal. Et ça ne s’améliore pas. Ils ont toujours le moral dans les chaussettes, malgré Santé Psy Etudiant, MonPsy et autres dispositifs censés faciliter leur recours à des thérapeutes, et malgré la fin des confinements, qui semblent aujourd’hui loin derrière nous. La santé mentale est devenue un sujet pris au sérieux dans le débat public, sans que cela résolve le problème.

Tous les indicateurs le confirment. Entre 2014 et 2021, les pensées suicidaires ont…

Depuis le Covid, on le sait, les jeunes vont mal. Et ça ne s’améliore pas. Ils ont toujours le moral dans les chaussettes, malgré Santé Psy Etudiant, MonPsy et autres dispositifs censés faciliter leur recours à des thérapeutes, et malgré la fin des confinements, qui semblent aujourd’hui loin derrière nous. La santé mentale est devenue un sujet pris au sérieux dans le débat public, sans que cela résolve le problème.

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