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Après les législatives, le roman, dont Macron serait à la fois l’auteur et le héros, touche-t-il à sa fin ?

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23.07.2024

« Je suis l’émanation du goût du peuple français pour le romanesque », déclarait Emmanuel Macron à l’orée de son règne, en 2017. Et encore : « Être candidat à la présidence, c’est avoir un regard et un style, aussi vrai qu’un écrivain a un regard et un style ». Ce roman, dont Macron serait à la fois l’auteur et le héros, touche-t-il à sa fin ? C’est le sentiment que l’on pouvait avoir entre l’annonce de la dissolution (qualifiée ici et là de « suicide politique ») et le deuxième tour des élections législatives.

Mais depuis, avec cette « chambre introuvable » qu’elles nous ont livrée, la confusion politique dans laquelle le pays est plongé évoque plutôt l’interminable épilogue d’un roman-série en manque d’inventivité. Si Macron n’en est plus forcément le personnage principal, l’intrigue ne semble pas foncièrement différente de celle qui l’avait mené au pouvoir : bras de fer entre la droite et la gauche, montée en force du Rassemblement national (RN) apparemment aussi inexorable que son arrivée au pouvoir semble impossible – et même, avec François Hollande par exemple, la réapparition de personnages des épisodes précédents.

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Difficilement compréhensible d’un point de vue strictement politique, cette situation s’éclaire si, suivant l’invitation de Macron en 2017, on la considère dans une perspective romanesque. En effet, ce sentiment d’une fin qui se dérobe à mesure qu’on s’en approche, désirée autant que redoutée, c’est précisément ce que le critique britannique Frank Kermode, dans un classique de la théorie littéraire publié en 1969, a appelé (c’est son titre) The Sense of an Ending.

De fait, le point de départ de son analyse n’est pas sans rappeler le fameux « en même temps » de notre président. Comme ce dernier quand il a fait irruption sur l’échiquier politique – « ni à droite, ni à gauche », venu de l’ancien monde mais en promettant un nouveau – les hommes selon Kermode se trouvent leur vie durant comme « jetés en plein milieu » du temps. Nous naissons entre deux temps, celui de ceux qui nous ont précédés et le nôtre ; nous mourons entre deux temps, le nôtre et celui de ceux qui nous suivront.

Quelle confusion ! Pour en sortir, « pour comprendre l’étendue de notre vie », nous font défaut un début et une fin qui ne soient qu’à nous. Or, c’est là précisément ce que peut nous procurer la fiction, et c’est pourquoi, comme notre président encore, nous y........

© Marianne


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