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Jennie Carignan, la générale qui redéfinit le leadership

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EXPERT INVITÉ. En sixième année, Jennie Carignan a quitté l’école.

Non pas parce qu’elle avait des difficultés, mais parce que son professeur n’arrivait pas à tenir la classe.

«C’était impossible d’apprendre, il y avait un manque flagrant de discipline», se souvient-elle. «Alors, un vendredi soir, j’ai fait mes valises et je suis partie. J’ai étudié seule à la maison avec quelques amies qui ont décidé de me suivre, et nous ne sommes revenues qu’après le remplacement du professeur.»

Le plus surprenant? Sa mère enseignait dans la même école.

Les discussions entre elle et le directeur devaient être intéressantes, dit-elle.

Aujourd’hui, cette élève rebelle est devenue la générale Jennie Carignan, cheffe d’état-major de la Défense des Forces armées canadiennes et la première femme à diriger l’armée canadienne.

Lorsqu’elle a pris ses fonctions en juillet 2024, elle a rejoint le Comité des chefs d’état-major de l’OTAN, une instance historiquement composée — et qui l’est encore — d’une écrasante majorité d’hommes.

Bien que l’OTAN ne publie pas de données ventilées par sexe concernant ses chefs d’état-major, les informations publiques disponibles montrent que les femmes demeurent exceptionnellement rares à ces postes de commandement militaire de haut niveau au sein de l’Alliance.

Ayant grandi à Val-des-Sources (Asbestos), une ancienne ville minière d’amiante au Québec, la générale Carignan n’avait jamais envisagé une carrière militaire. Son père était policier, sa mère institutrice. Elle rêvait de devenir danseuse de ballet.

Puis elle a assisté au spectacle de fin d’année du Collège militaire royal de Saint-Jean. «Ce que j’ai vu m’a plu et j’ai décidé de tenter ma chance.»

Même après son intégration, le leadership ne lui est pas venu naturellement. Du moins, c’est ce qu’elle croyait.

«Je ne me suis pas considérée comme une leader avant bien plus tard dans ma vie, quand j’ai commencé à prendre confiance en moi», dit-elle. «Probablement au grade de major, donc vers 30 ans.»

«J’avais beaucoup de doutes. Je me demandais souvent si j’en étais capable», raconte la générale Carignan. «Et puis, on m’a donné une chance. Et surtout, je crois que le plus important, de la part de ceux qui ont travaillé avec moi, on m’a dit: « Écoutez, on vous fait confiance. On sait que vous en êtes capable », avant même que j’en aie conscience.»

Pour les jeunes professionnels aux prises avec les mêmes doutes, son parcours met........

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