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Hommage à un arbre

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15.12.2025

En arrière de chez moi, le gros arbre centenaire est mort. L’été dernier, sa participation à la canopée avait diminué de moitié. Sa frondaison, d’ordinaire si importante, ne laissait plus aucun doute sur sa déroute. Des champignons proliféraient. Le cœur était malade. Des branches tombaient. L’écorce se désolidarisait du cambium. Personne ne s’y est trompé : il était condamné. Il a fallu l’abattre. D’abord par mesure de sécurité.

Un jour arrive la fin. Dans l’obscurité des desseins de la terre, il n’est pas toujours facile d’anticiper la disparition. Surtout aujourd’hui, dans un monde où nous vivons gouvernés par des Ayatollah du marché qui nous sermonnent sans relâche sur le dogme de la croissance infinie, comme si la croissance pour la croissance n’était pas d’abord l’idéologie des cellules cancéreuses. Alors quand vient le temps d’envisager la mort, on détourne la tête, en faisant mine de nier l’obscurité de la terre.

Pierre-Alexandre Gauvreau, le professionnel patient qui s’est occupé de mon gros arbre, a envisagé cette mise à mort sous tous les angles avant de l’exécuter. Comme un singe, il a grimpé tout en haut pour, petit à petit, mettre ce colosse à genoux devant nous. Son équipe ne s’occupe d’arbres aussi considérables qu’environ une fois par année. « On ne grimpe vraiment pas souvent dans des monuments comme ça. »

Il faut dire que pareils géants ne sont pas légion. Même en région. Nous nous trouvons partout devant des chicots. Les bûcherons en ce pays n’ont rien........

© Le Devoir