Qu’est-ce qui soude le Québec?
Cette question paraît bien théorique, mais elle a d’importantes implications. Il s’agit de savoir si notre sentiment de former une société authentique est bien fondé ou s’il relève en bonne partie de l’illusion. Une telle question aurait eu beaucoup moins de pertinence au XIXe siècle, lorsque la population canadienne-française était relativement homogène, en grande majorité rurale, liée par de fortes solidarités communautaires, appuyée sur le catholicisme et la promesse de la survivance. Ces conditions n’existent plus. Ont-elles été remplacées ?
Une véritable totalité ou un assemblage artificiel ? Chacun conçoit sommairement qu’une société se caractérise par une cohérence née de l’intégration, un mécanisme doté de pouvoirs de gouvernance (État ou autre), un ensemble de secteurs ou de sphères d’activité en interaction, un important noyau de population enracinée dans un territoire. On imagine aussi qu’elle est engagée dans un devenir activé par les orientations de l’État, elles-mêmes portées par les citoyens, ce qui autorise à parler de choix ou de projet de société. Enfin, il importe que le tout soit orchestré par une vision d’ensemble. Or, si on examine le Québec actuel dans chacune de ses composantes, qu’observe-t-on ?
La sphère économique. Notre économie est composée de multiples entreprises industrielles, commerciales, financières et autres. Mais quelle part les Québécois en contrôlent-ils vraiment ? Nous savons qu’elle est mince et qu’elle ne cesse de régresser. Les frontières économiques sont éclatées, les principaux centres de décision sont ailleurs. Il suffit de voir les courbettes........
© Le Devoir
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