Comment naissent les valeurs dans une société ? On lit couramment que c’est le fait des individus eux-mêmes, le résultat d’une quête essentiellement personnelle, ce qui est incontestable. Il arrive souvent aussi que cette quête se nourrisse du religieux, du spirituel. Il ne fait pas de doute non plus que ces démarches peuvent influer sur la vie d’une collectivité, en particulier quand elles s’abreuvent à une source commune, comme ce fut le cas avec l’Église catholique au Québec. Ces démarches exigent un cheminement qui mobilise la conscience dans ce qu’elle a de plus profond.

Voilà donc une première voie de genèse des valeurs, une voie qui est de l’ordre de la spiritualité et de la moralité. On conviendra que c’est un terrain sur lequel le sociologue et l’historien ne se sentent pas très à l’aise.

Il en va autrement avec une deuxième voie, celle qui relève de la dimension collective et interpelle la citoyenneté. Ici, le sociologue et l’historien oeuvrent sur un terrain familier, à savoir tout ce qui se déploie dans le social et dans la durée.

À lire aussi

Je reprends ici mon concept de mythe pour désigner des valeurs sociales qui peuvent en venir à exercer une emprise exceptionnelle, pouvant conduire une personne à un véritable dépassement. Je qualifie ces valeurs de sociales non seulement parce qu’elles s’enracinent dans l’histoire, mais aussi parce qu’elles dépendent largement de mécanismes sociaux. En effet, derrière chacun de ces mythes se trouvent........

© Le Devoir