Éloge de la subversion
Dernièrement un jeune homme de 19 ans, qui venait de lire Comment faire l’amour avec un Nègre sans se fatiguer pour la première fois, s’étonnait, peut-être à juste titre, que ce livre soit encore en circulation après 40 ans. Il voulait savoir pourquoi, surtout quand d’autres livres, bien meilleurs à ses yeux, avaient glissé dans les interstices du temps. Il faut le comprendre car 40 ans, ce qui est l’âge de son père, lui semblaient une éternité.
Je ne vais pas lui répondre sur la question du temps, car la durée n’est pas l’affaire de l’écrivain mais bien celle du lectorat et des aléas de sa sensibilité. Par contre, je peux répondre à cette lectrice qui affirmait, durant cet impromptu à la Maison française sise sur le campus de l’Université de New York, que c’était un livre daté.
Il n’y a pas que les livres qui vieillissent mal, fais-je, et cette pique ne s’adressait pas à cette jeune femme vive et ironique qui venait de m’épingler, mais à d’autres cachés dans la pénombre à ruminer leur méfiance de l’art.
On sait qu’il est aujourd’hui difficile de critiquer un artiste « différent » (noir, arabe ou homosexuel), et c’est justice, sans recevoir une cinglante réplique. C’est kif-kif. J’ai laissé la porte ouverte à quiconque se sent le besoin de faire un carton sur moi quand j’ai découvert que cet univers de l’opinion se divise en deux groupes qui ne se mélangent presque jamais : ceux qui parlent de vous et ceux dont vous parlez. Quant à moi ce sera Borges, Baldwin ou Bashō, jusqu’à la fin.
Pour ma part la contre-attaque n’a pas tardé, dès la sortie du film tiré du roman, dans les grands journaux américains comme le New York Times, le Washington Post, le Los Angeles Times, le Miami Herald ou le Chicago Tribune qui, tous, ont caviardé mon titre en le délestant du sulfureux mot « Nègre » (c’était en 1989). N’ayant aucune confiance dans cette presse sur une pareille question, j’ai répondu simplement qu’on ne me censure pas – ce qui a mis les rieurs de mon côté. En Angleterre, on a censuré le film (et le roman paru chez Bloomsbury du même coup) dans un festival où l’objectif était pourtant de diffuser plus largement les films censurés. Le Québec s’était admirablement conduit dans cette affaire, mais depuis, des choses tragiques ou magiques se sont passées, et la nouvelle génération voit la vie autrement. C’est pourtant le regard vif et ironique des jeunes gens de la génération précédente, celle de 1985, qui avait........





















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