Le chant du numérique ou la violence du clic
Dans le cadre des 12 jours d’action contre les violences faites aux femmes, le professeur Angelo Soares appelle l’attention sur les travailleuses du numérique invisibilisées.
Au XVIᵉ siècle, l’ingénieur Agostino Ramelli invente un dispositif singulier : l’orgue des fleurs, un appareil qui semble faire chanter des oiseaux sortant d’un énorme bouquet de fleurs. Les spectateurs entendent le « chant », mais ignorent que le son est produit par un serviteur caché, soufflant dans un tube relié à un orgue dissimulé derrière un mur. La beauté visible repose sur un travail invisible. La machine éblouit ; l’humain demeure invisible.
Cette scène n’est pas un simple épisode de l’histoire des automates. Elle constitue la matrice idéologique de notre présent, car le numérique contemporain n’est rien d’autre qu’un gigantesque orgue de fleurs à l’échelle mondiale.
En surface : innovation, intelligence artificielle, efficacité algorithmique et réseaux sociaux. Dans l’ombre : des millions de travailleuses qui actionnent des soufflets, ajustent des mécanismes et absorbent la violence nécessaire à la fabrication d’un monde numérique « propre ».
Comme le note la philosophe brésilienne Marilena Chaui1, l’idéologie est une opération de naturalisation : elle fait disparaître les rapports de pouvoir sous un vernis d’évidence. L’IA générative, présentée comme autonome, autoapprenante et presque magique, est l’une des formes les plus abouties de cette naturalisation.........





















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