Marie Stuart, quand la vie d’une reine ne tient qu’à la robustesse d’un code secret
Découvrez l’histoire tragique de Marie Stuart, reine d’Écosse, qui fut condamnée à mort pour haute trahison par la couronne d’Angleterre. La preuve du complot a été apportée par le décryptage des lettres échangées entre les conspirateurs. Une histoire redécouverte par un projet de recherche réunissant historiens, cryptographes, et experts en intelligence artificielle.
1587, château de Fotheringhay au cœur de l’Angleterre : ce n’est qu’au troisième coup de hache que le bourreau, ivre, parvient à décrocher la tête de la reine d’Écosse. C’est le cou de Marie Stuart qui vient de rompre, comme un fil qui lâche, en raison d’un code secret qui avait lui-même été cassé.
Marie Stuart était coupable de haute trahison. Elle avait pris part au complot visant à assassiner la reine d’Angleterre, Elizabeth, sa cousine. L’Angleterre avait intercepté des lettres échangées entre Marie et les autres conspirateurs mais Marie s’était sentie protégée car elle avait pris des précautions : les lettres étaient chiffrées, c’est-à-dire protégées par un code secret. Cela signifie qu’un regard naïf ne pouvait y voir qu’une succession de symboles inintelligibles. Comment la reine Elizabeth pouvait-elle alors y lire la preuve du complot ?
En 2023, une cinquantaine de lettres perdues relatives à Marie Stuart ont pu être réattribuées à leurs auteurs. Elles étaient conservées à la Bibliothèque nationale de France mais n’étaient liées ni à une époque correcte ni au bon contexte géographique, faute de date, de signature et surtout de contenu lisible. Une équipe de déchiffreurs étrangers qui arpentaient Internet à la recherche de documents numérisés et codés les ont ainsi trouvées. Grâce à leur décryptage, c’est-à-dire à la méthode qui permet de redécouvrir les mots cachés derrière les symboles, 55 lettres ont pu être reliées à leur corpus originel. Les techniques utilisées sont similaires à un projet de recherche de plus grande ampleur, réunissant historiens, cryptographes, et experts en intelligence artificielle. Ce projet que je porte et dont l’objectif est à terme de fournir un outil de lecture et de déchiffrement de textes manuscrits chiffrés et anciens se nomme Back In Time. Il a reçu en novembre le prix de l’innovation du magazine Historia, et le grand prix du jury Historia 2024.
Marie, orpheline de père à une semaine, devient reine d’Écosse à 9 mois, en 1542, dans un........
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