menu_open
Columnists Actual . Favourites . Archive
We use cookies to provide some features and experiences in QOSHE

More information  .  Close
Aa Aa Aa
- A +

Les «sorcières de la nuit», le sortilège volant de Staline face aux nazis

59 0
03.01.2024

Temps de lecture: 8 min

Qui dit sorcière, dit balai. L'étonnante histoire du 588e régiment de bombardiers de nuit de l'armée de l'air soviétique ne fait pas exception à la règle. À ceci près qu'on y parle de manches à balai et que les sorcières en question avaient plutôt tendance à lancer des bombes que des sorts.

Leur histoire commence le 22 juin 1941, lorsqu'Adolf Hitler s'assied brutalement sur le Pacte germano-soviétique. Signé le 23 août 1939 entre le Troisième Reich et l'URSS, soit quelques jours avant le début de la Seconde Guerre mondiale, l'accord allait largement au-delà du pacte de non-agression: à la neutralité russe dans le conflit s'ajoute une série de protocoles secrets conçus pour distinguer deux zones d'influence en Europe, l'une contrôlée par l'Allemagne nazie, l'autre par l'Union soviétique.

Mais au début de l'été 1941, Joseph Staline découvre à ses dépends que le chancelier Adolf Hitler n'est pas exactement un partenaire fiable lorsque le Troisième Reich déclenche brutalement l'opération Barbarossa, une immense offensive qui prend l'Armée rouge au dépourvu, au point que ses unités se font grosso modo rouler dessus au sol comme dans les airs.

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter quotidienne de Slate.fr et ne ratez plus aucun article!

Je m'abonne

Au soir du 22 juin 1941, l'aviation russe a déjà perdu près de 2.000 appareils et à peu près autant de pilotes –de quoi faire passer l'attaque de Pearl Harbor pour une aimable plaisanterie. Rongée par la puissance de feu ennemie, surprise et désorganisée, l'Armée rouge recule sans pouvoir enrayer une avancée qui semble inexorable.

C'est dans ce contexte –disons pas top– que de gros paquets de lettres commencent à parvenir au Kremlin, toutes signées par des pilotes en herbe qui disent vouloir s'engager dans l'armée de l'air soviétique. Avec une petite particularité: toutes sont envoyées par des femmes qui répondent à l'appel d'une figure de l'aviation russe, Marina Raskova.

Célèbre pour ses records sportifs, celle que les journaux occidentaux ont longtemps comparée à l'aviatrice américaine Amelia Earhart est tout sauf une inconnue en Russie. Pilote chevronnée, la jeune Moscovite affiche une collection de records de distance qu'aucun aviateur n'a été en mesure de battre. Au lendemain de l'invasion nazie, Marina Raskova pèse de tout son poids auprès du camarade Staline pour le pousser à intégrer des femmes dans l'armée de l'air.

Ce timbre russe émis en mars 2012 commémore le centenaire de la naissance de l'aviatrice soviétique Marina Raskova (1912-1943), fondatrice de trois régiments d'aviation entièrement féminins durant la Seconde Guerre mondiale. | Russian Post, Publishing and Trade Centre «Marka» / A. Gribkova / Dmitry Ivanov via Wikimedia Commons

Si la ligne soviétique prône officiellement l'égalité entre les sexes, l'Armée rouge ne fait pourtant pas tellement mieux qu'ailleurs. À quelques........

© Slate


Get it on Google Play