Contenir le corps et le rire des femmes
Une première femme présidente des États-Unis ? Ce serait bien, mais on part de loin en titi. Plusieurs se questionnent encore sur des peccadilles, à savoir, entre autres exemples, si le rire de Kamala Harris pourrait lui nuire. Car une femme qui rit est forcément suspecte. C’est possiblement une folle agitée, une « cinglée », comme disait l’autre, une insensée, une autre hystérique de son espèce qu’il faut contenir au plus vite et à tout prix. Attachez-la quelqu’un !
Dans l’histoire de la médecine, d’ailleurs, toutes sortes d’instruments et de techniques inusitées servirent, au fil des siècles, à « soigner » ces filles folles, à contrôler ces toquées, ces malades de l’esprit ; des chaînes à la camisole de force, en passant par l’isolement dans un cachot, l’électrothérapie, la pose d’aimants, etc. — le but étant évidemment de contenir ces femmes qui dérangent. Toutes des « malades ».
Un homme qui rit, cela va sans dire, est un mec bien. Sympathique, jovial, remarquable, c’est un bon vivant, celui-là. Quel homme agréable, tout de même ! Capable d’humour, d’esprit fin, d’intelligence vive et créative, en plus d’être extrêmement compétent d’entrée de jeu, il ne se prend pas trop au sérieux. Merveilleux.
Mais la femme qui rit, elle, déborde franchement de la ligne. Elle dépasse cette fine limite que la société patriarcale........
© Le Devoir
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