Maïdanek, pour que la mémoire ne soit pas vaine
Il y a plus de trente ans, de passage à Lublin, en Pologne, j’ai visité le camp de Maïdanek, qui est situé en périphérie de la ville. À l’époque, un autobus qui desservait cette banlieue ouvrière déposait les rares visiteurs directement devant le portail du camp. Il n’y avait ni stationnement pour autobus de touristes ni visites guidées. À peine cinq ou six personnes se promenaient ce jour-là parmi les ruines de ce qui avait été autrefois le Konzentrationslager Lublin.
Ce camp n’était que l’un de ceux érigés par les nazis durant la guerre. Avec Belzec, Sobibor, Treblinka et Auschwitz, il constituait l’un des maillons de ce que ces derniers appelèrent la « Solution finale », soit l’extermination de millions de Juifs européens. Ce n’était pas l’un des plus importants ; entre 80 000 et 200 000 êtres humains y furent assassinés, contre près de 800 000 dans le seul camp de Treblinka. Les nazis y enfermèrent des Juifs (notamment les survivants de l’insurrection du ghetto de Varsovie), mais aussi des résistants polonais et des dizaines de milliers de prisonniers de guerre soviétiques, considérés eux aussi comme des sous-hommes tout juste bons à être réduits en esclavage avant d’être gazés.
Comme dans les autres camps nazis, on mourait à Maïdanek non seulement dans les chambres à gaz, mais aussi par injection de phénol ou par fusillade : lors de l’opération sinistrement nommée Erntefest (« Fête de la moisson »), décidée en raison des révoltes qui avaient eu lieu dans les camps de Sobibor et de........
© Le Devoir
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