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Le principe de Suzanne

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30.05.2024

L’auteur est professeur de littérature à Montréal, collaborateur de la revue Argument et essayiste. Il a notamment publié Ces mots qui pensent à notre place (Liber, 2017) et Pourquoi nos enfants sortent-ils de l’école ignorants ? (Boréal, 2008).

Nous opinons de plus en plus en appliquant ce qu’on pourrait appeler le « principe de Suzanne ». La Suzanne en question, c’est ce personnage du Mariage de Figaro de Beaumarchais qui rétorque à son futur époux, qui veut obtenir d’elle une explication : « Prouver que j’ai raison serait accorder que je puis avoir tort. » Nous agissons souvent de même, préférant les affirmations péremptoires à la présentation des arguments ou des preuves sur lesquels elles pourraient se fonder, posant les hypothèses les plus hardies comme si elles allaient de soi, refusant tout doute et toute remise en question comme si nous détenions sur tous les sujets des certitudes irréfutables, voire une infaillibilité toute pontificale.

Nous sommes en partie redevables de cette situation à Internet et aux réseaux sociaux. D’une part, parce que ce nouveau médium favorise les messages brefs et tonitruants, ceux qui assureront à leurs destinateurs des likes, des pouces levés, des retweets et autres signes de connivence qui les réjouissent et qui les confortent dans leurs convictions. De ce point de vue, argumenter longuement (car argumenter demande toujours du temps) n’est pas payant.

D’autre part, puisqu’en enfermant,........

© Le Devoir


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