Le pli de la censure
Retirer des livres des rayons d’une bibliothèque n’est pas un geste anodin. Les brûler non plus. On peut donc se réjouir que la motion déposée par Québec solidaire afin de réitérer l’adhésion de l’Assemblée nationale « à la liberté d’opinion, à la liberté d’expression et à la libre circulation des idées » ait fait l’unanimité. Celle-ci faisait suite à la destruction au lance-flammes par une politicienne du Missouri d’un livre de Myriam Daguzan Bernier illustré par Cécile Gariépy qui traite de sexualité et s’adresse à des adolescents. On apprenait par ailleurs que la Bibliothèque publique juive de Montréal avait quant à elle déplacé les livres pour enfants d’Élise Gravel afin qu’ils ne soient plus directement accessibles aux lecteurs, l’institution reprochant à l’autrice d’avoir publié sur les réseaux sociaux des messages favorables à la cause palestinienne et, selon elle, « antisémites ».
Il faut toutefois noter, malgré ces déclarations solennelles de nos politiciens, que la censure est en train de se banaliser, de se normaliser. Pas autant qu’aux États-Unis, bien sûr, mais le pli est pris. Le public comme les responsables d’institutions qui devraient avoir à coeur la protection des oeuvres trouvent désormais normal et tout à fait banal de faire disparaître des livres ou des films, notamment lorsque leurs auteurs ou leurs premiers rôles sont soupçonnés d’avoir commis des actes odieux. C’est même devenu leur premier réflexe, un genre de décisions prises sans délai et qui ne demandent même plus de réflexion, ou si........
© Le Devoir
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