Ces mots qui construisent l’Autre
Comme professeure en psychologie sociale, j’ai été fortement interpellée par la controverse entourant les propos du député de Québec solidaire Haroun Bouazzi. Mon but n’est pas ici d’alimenter la polémique. Je souhaite apporter un éclairage un peu différent sur le contenu des propos de M. Bouazzi, soit la « construction de l’Autre ». J’en profiterai pour souligner aussi qu’il y a dans cette controverse une occasion de réflexion collective.
Mais tout d’abord, je vous invite à vous prêter à une petite expérience. Considérez les deux phrases suivantes : (1) Alex a bousculé quelqu’un et (2) Alex est agressif. Quelle phrase donne davantage l’impression qu’Alex risque de frapper quelqu’un à l’avenir ?
J’ai posé cette question lors d’une conférence auprès de personnes oeuvrant en justice réparatrice. 72 % ont choisi la deuxième phrase, une majorité claire qui reflète bien les résultats de recherches dans ce domaine. Ce n’est pas surprenant, « est agressif » est beaucoup plus abstrait que la formulation concrète « a bousculé quelqu’un ». L’abstraction de « est........
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