Une cabale déraisonnable
La réplique du ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, qui a qualifié de « particulier » le jugement du magistrat Dennis Galiatsatos rejetant l’un des pans de sa « loi 96 » sur la langue officielle et commune du Québec, a fait mouche. Le mot est on ne peut plus juste, pour qualifier une décision d’un absolutisme qui détonne solennellement du rôle du juge. Il y a toutefois lieu de s’interroger, à deux semaines de l’entrée en vigueur du fameux article de loi ici inopportunément contesté, si le ministre a quant à lui échoué à faire atterrir au sein du milieu juridique cette disposition de sa grande réforme de la langue française.
Dès le départ, l’initiative mal avisée du juge Galiatsatos semblait guidée par un parti pris, soit le rejet catégorique d’une politique linguistique législative dictée au judiciaire. C’est le magistrat lui-même qui s’est permis de suggérer à l’accusée et à son avocat de s’inquiéter de l’obligation prochaine de voir une décision rédigée en anglais être traduite, avant de pouvoir être rendue « immédiatement et sans délai » en français. La défense ne voulait pas de ce débat, pas plus que le Directeur des poursuites criminelles et pénales, le Procureur général du Québec ou le Procureur général du Canada. La famille de la victime, une cycliste happée mortellement il y a trois........
© Le Devoir
visit website