Les principaux syndicats de l’éducation ont donné un spectacle déshonorant cette semaine en commission parlementaire : en défendant bec et ongles la pertinence des clauses d’amnistie dans leurs conventions, ils ont carrément signifié que la confidentialité des dossiers de leurs membres valait plus cher que la sécurité des élèves.

Ces élans de corporatisme déplacé ont fait surface cette semaine lors de l’étude du projet de loi 47 (Loi visant à renforcer la protection des élèves), que le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a défendu à l’Assemblée nationale. Devant le ministre, la Fédération autonome de l’enseignement et la Centrale des syndicats du Québec ont tour à tour vanté le caractère essentiel des clauses d’amnistie, qui font en sorte que les sanctions disciplinaires imposées à des membres du personnel scolaire disparaissent après un certain temps.

« Extrêmement préoccupé » par le nombre élevé d’inconduites sexuelles survenues entre les murs prétendument sécuritaires de l’école, le ministre Drainville n’a pas l’intention de fléchir sur ce point. Il a entièrement raison.

Si Québec légiférait sur la base de présomptions catastrophistes, on pourrait comprendre le réflexe protecteur des syndicats, interloqués par un interventionnisme factice. Mais la réalité est tout autre : un rapport d’enquête sur le traitement des inconduites à l’école, commandé par le ministre après qu’une série de révélations médiatiques eurent choqué le Québec, a plutôt montré que les agresseurs sexuels semblaient mieux protégés que les élèves à l’école et cheminaient d’un centre scolaire à l’autre, cumulant les offenses sans que leur dossier disciplinaire, effacé après un certain temps, passe à de futurs employeurs. Un vrai scandale !

Rien, absolument rien, ne peut justifier que le devoir de précaution s’applique à du personnel coupable d’une offense au détriment d’enfants victimes d’un agresseur dont le seul passé aurait dû l’empêcher de franchir la porte de l’école. Les employeurs du personnel scolaire ne peuvent pas s’en remettre à Google pour traquer un passé trouble.

Les syndicats, aveuglés ici par un devoir de protection de leurs membres qui leur fait perdre lucidité et sens de la justice, doivent rectifier le tir et accepter que les dossiers disciplinaires des membres du personnel scolaire puissent les suivre tout au long de leur carrière. C’est une question d’honneur.

Ce texte fait partie de notre section Opinion. Il s’agit d’un éditorial et, à ce titre, il reflète les valeurs et la position du Devoir telles que définies par son directeur en collégialité avec l’équipe éditoriale.

QOSHE - Le déshonneur des syndicats scolaires - Marie-Andrée Chouinard
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Le déshonneur des syndicats scolaires

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03.02.2024

Les principaux syndicats de l’éducation ont donné un spectacle déshonorant cette semaine en commission parlementaire : en défendant bec et ongles la pertinence des clauses d’amnistie dans leurs conventions, ils ont carrément signifié que la confidentialité des dossiers de leurs membres valait plus cher que la sécurité des élèves.

Ces élans de corporatisme déplacé ont fait surface cette semaine lors de l’étude du projet de loi 47 (Loi visant à renforcer la protection des élèves), que le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a défendu à l’Assemblée nationale. Devant le ministre, la Fédération autonome de l’enseignement et la Centrale des........

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