Simon Boulerice, ou la subversion radieuse
Chaque mardi, Le Devoir offre un espace aux artisans d’un périodique. Cette semaine, nous vous proposons l’extrait d’un texte paru dans Lettres québécoises, n° 195 (automne 2024).
De Simon Boulerice le personnage public, nous connaissons tous l’énergie contagieuse, la folle générosité, le sourire immense, l’enthousiasme authentique et désarmant — je manque d’épithètes — qui, par moments, nous le font croire habité par une joie pérenne. Quand on plonge dans ses livres, on découvre des univers beaucoup plus troubles et souvent troublants. Pleurer au fond des mascottes (Québec Amérique, 2020), dans lequel la fiction ne sert pas de paravent, nous a dévoilé cet être qui, par politesse, dit-il, n’exhibe pas la douleur qui le hante. La lumière dissimule admirablement ombres et ténèbres.
J’ai découvert Simon l’auteur avant qu’il ne rayonne sous les projecteurs, en lisant Les Jérémiades (Sémaphore, 2009), son premier roman publié. J’avais à peine lu quelques pages que j’oubliais l’âge du narrateur, dont la passion pour un adolescent ferait paraître insipide les plus grandes amours romantiques, sans me demander si l’on pouvait vraiment éprouver, à neuf ans, une telle passion dévastatrice, pulsions charnelles incluses : j’étais pris dans les affres de ce gamin grâce à cette plume vive, franche, sans compromis, directe, inventive, décrivant la........
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