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L’arme des utérus

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26.01.2024

Depuis le 16 janvier dernier, la France d’Emmanuel Macron cause utérus. « Du coup », on pourrait croire que nos cousins coquins copulent grave, pour le plaisir de la bagatelle, parce que c’est janvier et qu’on galipette sous la couette. Mais non, on forniquerait plutôt pour la patrie, l’utérus étant devenu l’arme de guerre d’un « réarmement démographique ».

Le chef de l’État — un homme cisgenre de 46 ans sans enfant, pour rappel — s’inquiète de l’infertilité et de la baisse des natalités sur fond de montée de la droite, de l’immigration et de l’inquiétude à peine larvée du grand remplacement. La rhétorique guerrière associée aux utérus des Françaises tient de l’hystérie (du latin hystericus, « relatif à l’utérus »), mais aussi d’une certaine tradition. La meilleure façon de défendre son camembert, c’est encore la loi du nombre. Même les fourmis comprennent ça.

Les femmes s’attelant à la tâche de plus en plus tardivement (au Québec comme en France, d’ailleurs), ce qu’on appelle de l’infertilité n’est qu’une simple loi de la nature : plus vous avancez en âge et plus la difficulté de concevoir s’accentue. Ajoutez à cela la pollution, les pesticides et toute la merde qu’on avale, même les spermatozoïdes qui s’intéressent à la psychologie positive tournent en rond.

Un problème que ne rencontraient pas nos arrière-grands-mères, soumises jeunes à la « revanche des berceaux » (aussi appelée guerre des berceaux), une incitation politique soutenue par l’Église pour renverser la vapeur et peupler le Québec de petits francophones nés pour un p’tit pain, une main-d’oeuvre familiale gratuite.

Ça explique en partie pourquoi mon grand-père Alban était l’aîné d’une ribambelle de douze enfants. Ma grand-mère Deleine, une des aînées de 15 enfants, a dû s’occuper des plus jeunes. Mère avant d’être mère. Les curés martelaient en chaire à l’église que les femmes ne devaient pas « empêcher la famille ». Avis aux plus jeunes qui s’imaginent que la pilule, le consentement et le polyamour ont toujours existé : le destin des femmes n’a pas toujours été aussi fluide.

Ce n’est pas en donnant la vie, c’est en risquant sa vie que l’homme s’élève au-dessus de l’animal ; c’est pourquoi dans l’humanité la supériorité est accordée non au sexe qui engendre, mais à celui qui tue

Pas besoin d’avoir lu Le deuxième sexe pour comprendre que l’utilité des femmes est encore définie par leur productivité et que la maternité est un bénévolat très........

© Le Devoir


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