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J’ai «skip»

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26.04.2024

Il y a des semaines où je me demande quel est le sens de nos vies. Prenez mardi de la semaine dernière : nous étions 800 cobayes les yeux fermés à avoir retiré nos souliers. On se serait crus dans un Best Western de Saint-Hyacinthe, a noté ma chum Marie. Surtout durant la période vox pop après le Voyage intérieur. C’était le titre du spectacle. Notre gourou chauve, doublé d’une harpiste en bas de nylon, n’était nul autre que l’écrivain français Bernard Werber (Les fourmis, Les thanatonautes), un auteur culte en Russie et en Corée du Sud, ai-je appris. Il y a vendu des millions de bouquins.

Le but de ce voyage à 80 $ au théâtre Outremont n’était pas révélé d’emblée, mais nous avons vite compris qu’il s’agissait d’une régression dans une vie antérieure. C’était une première pour moi, et je ne suis toujours pas certaine d’avoir été ce monsieur barbu en sandales aperçu derrière la porte no 2.

« Énéwé », je souffre peut-être d’aphantasie, une incapacité à visualiser. Avec un peu d’imagination, j’aurais pu être une pieuvre dans un aquarium de Boston en 1942. Sur plus de deux heures de « spectacle » intérieur, j’ai dû en dormir 10 minutes, je m’en confesse. Bernard Werber marche fort avec ce « PowerPoint » spirituel vaguement introspectif. Il sera même à l’Olympia de Paris en octobre prochain.

Ça manque cruellement d’intimité et de crédibilité, mais qui suis-je pour contester un voyage zéro GES et sans GPS ?

Le mercredi, mes deux gars — monsieur B et son bro, mon S adoptif semi-bridé made in Taiwan — sont venus prendre une bière et manger des tacos. Monsieur S, 22 ans, s’était fait brutaliser par deux policiers et je voulais constater les dégâts. Plus de peur que de mal. Il a grillé une lumière jaune à vélo le lundi matin en allant à ses cours. Les flics l’ont pourchassé, lui ont sauté dessus, l’ont jeté à terre, menotté, ont envoyé son vélo valser « dans » la rue Saint-Denis avec son téléphone. Une scène de The Out-Laws ou des Bougon.

Une brave citoyenne du Plateau a osé : « Ce n’est pas un peu excessif comme intervention ? » Nous aurions aimé qu’elle les filme. Les jeunes policiers n’ont pas répondu. Ils démantelaient un gang de rue asiatique. La suite se discutera en cour. Bravo au SPVM!

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© Le Devoir


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