menu_open
Columnists Actual . Favourites . Archive
We use cookies to provide some features and experiences in QOSHE

More information  .  Close
Aa Aa Aa
- A +

Hortense et Violette

6 0
28.06.2024

Dès le trottoir, on hume les lys et les pois de senteur avant de pénétrer dans ce royaume de zénitude, une promesse légère à emporter dans un écrin de papier fort. La boutique de fleurs Hortense et Violette a vu le jour il y a à peine deux semaines sur la rue Fleury que déjà se pressent les habitants du quartier, attirés par un peu de paix, et de joliesse en gerbe. La paix, si on pouvait l’acheter au kilo, on en prendrait trois paniers livrés par des colombes. Sans soupirs de bébés.

Par contre, chez Hortense et Violette, on laisse les soupirs de grands à la porte et on épouse une certaine idée de la délicatesse. Ici, des girofles et des anémones, des frésias et des pivoines, des digitales et des branches d’eucalyptus à l’arôme camphré ou des phacélias mauvées se conjuguent en rondeur pour offrir des bouquets d’espoir, même fragile, même s’il se fane un jour. C’est Neruda, ce grand poète, qui écrivait : « Ils pourront couper toutes les fleurs, ils n’empêcheront pas le printemps. » L’espoir peut refleurir.

Au plus fort de leurs angoisses existentielles de quinquagénaires défroquées du milieu de la santé, Isabelle Ahmad, microbiologiste et directrice de l’ingénierie d’une usine de vaccins, et Delphine Roigt, éthicienne clinique, ont rêvé d’un terreau fertile où se rempoter. « Je me suis demandé quel était l’endroit où je me sentais le mieux, raconte Delphine. C’était chez le fleuriste ! »

L’avocate qui a bifurqué vers le rare métier d’éthicienne dans les hôpitaux durant plus de 25 ans ne se voyait pas en habit de scaphandrier avec un masque pour défendre les droits des patients durant la pandémie. « Il me fallait réexpliquer ma job à chaque nouveau patron. Même eux n’en comprennent pas l’importance. C’est toujours à recommencer. » L’éthique ? Elle se résume parfois à une phrase : ce n’est pas parce que c’est légal que c’est moral. Delphine (qui vient de collaborer étroitement au récent livre Soins de fin de vie : qui décide ? de la philosophe Jocelyne Saint-Arnaud) précise : « C’est un soutien à la prise de décision dans des situations de soins complexes où il y a des enjeux de valeurs. » Il y a souvent des enjeux… surtout avec des plantes malades.

« On a........

© Le Devoir


Get it on Google Play