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Fleur de macadam ou vagabonde

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21.06.2024

La fin de semaine dernière, j’ai refait le chemin des souvenirs en compagnie d’Isa, mon amie à l’accent provençal de Frelighsburg : l’aspergière en passant devant chez Foglia, puis les fraises de chez Bernier après avoir ramassé deux bouteilles de « pet nat » au Domaine du Ridge (les bulles roses « Berthelot-Paradis » étaient bien meilleures que ce pète nature).

Un arrêt chez Chouquette de Bedford pour une miche honnête, un croche par « Le pied de céleri » de Dunham, des oeufs chez Hubert et son chihuahua colorature, de quoi se faire un repas champêtre. Je n’ai éprouvé aucun pincement nostalgique, moi qui ai quitté la région l’automne dernier. Juste contente de retrouver mes repères bucoliques, sans la charge mentale et financière qui accompagnait l’exercice.

Comme beaucoup de gens, j’ai tenté la migration à la campagne en 2021 (et non « en » campagne « à la » 2021) à Saint-Armand. Plus charmante erreur de ma vie. Je suis tombée en amour avec une maison en 24 heures, négociée en surenchère, aménagée, rénovée, décorée, investie avec l’énergie du désespoir pandémique. Je m’y voyais terminer mes jours, mais l’intendance n’a pas suivi. Les taux hypothécaires, si.

Mon B a quitté le nid l’année suivante, a résidé trois semaines en Armandie, le temps d’apprendre à conduire « manuel ». L’ex-chum très urbain ne s’y est jamais enraciné. Bref, un an plus tard, je me suis retrouvée à faire la conversation aux tourterelles tristes avec une vue sur le Pinacle, une piscine à chlorer et la solitude dans un cul-de-sac à apprivoiser au gré des multiples pannes d’électricité. J’ai tenu un hiver. Je ne suis pas assez badass ou misanthrope pour les rigueurs de la ruralité malgré l’aide précieuse de mes voisins Sabine et Yves.

Reste que je m’y sentais plus isolée qu’à la ville. La campagne en juin, c’est Colette, en mars, c’est la raspoutitsa d’un roman russe. « La campagne, quand t’es pas comme tout le monde, c’est encore pire que l’indifférence. » C’est d’Anna Gavalda, et je seconde.

Heureusement, je n’avais pas mis tous mes oeufs dans ce panier expérimental ; j’avais conservé ma location d’appart en banlieue comme bureau, installé Maria dans la chambre de mon B et loué mon lit à Tania — deux inconnues rencontrées sur Facebook. L’idée n’était pas de garder deux toits (un choix énergivore, trop XXe........

© Le Devoir


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