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Entre colère noire et sororité

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31.05.2024

On aura beau utiliser tout le lexique d’Amnistie internationale, privilège blanc, colorisme, racisme systémique, charge raciale, biais inconscient, micro-agressions, racisme intériorisé, fragilité blanche, daltonisme racial, appropriation culturelle, profilage racial, safe space, blanchité, code switching, etc., devenir woke implique d’abord et avant tout de se taire et d’écouter. BLM, Black Lives Matter.

Et la parole des femmes afro-descendantes est de celles qui prennent de l’ampleur en ce moment. Ces petites soeurs de Rosa Park, Maya Angelou et Angela Davis ont beau vouloir exister sur la place publique sans avoir à justifier leur présence au-delà de la couleur de leur peau, il semble qu’il faille encore expliquer leur réalité sous le joug de discriminations multiples.

Le documentaire Le mythe de la femme noire, d’Ayana O’Shun, a déjà ouvert une fenêtre sur les préjugés auxquels elles se mesurent au quotidien. D’abord femmes, ensuite noires, Jézabel ou nounous, putes ou mères substituts. L’écrivain d’origine haïtienne Dany Laferrière les place tout en bas de l’échelle sociale. Au sommet, l’homme blanc, sous le soleil exactement.

J’ai retrouvé dans l’essai de Judith Lussier (On peut plus rien dire) ces mots de la poète Audre Lorde, dans l’esprit « not here to teach you » (pas ici pour t’éduquer), tirés de son livre Sister Outsider: Essays and Speeches, une bible pour certaines Afro-descendantes : « On attend des personnes noires et issues du tiers-monde qu’elles éduquent les Blancs quant à leur réalité. On attend des femmes qu’elles éduquent les hommes. On attend des lesbiennes et des homosexuels qu’ils éduquent les hétérosexuels. L’oppresseur maintient ainsi sa position et fuit ses responsabilités quant à ses propres comportements. Il y a un drainage constant d’énergie qui serait mieux utilisée à nous redéfinir et à imaginer des scénarios réalistes pour changer le présent et construire l’avenir. »

Pourtant, c’est dans l’amitié que la grande majorité d’entre nous entrevoit pour la première fois la possibilité rédemptrice de l’amour et d’une communauté où l’on prend soin les unes des autres

En attendant d’imaginer ces scénarios, il faut montrer les traumatismes sans verser dans la « trauma porn » reprochée à certains médias.

Le spectacle Carte noire nommée désir s’inscrivait dans la programmation du FTA le week-end dernier ; il a remué de l’air en France l’année dernière, et met en scène huit femmes........

© Le Devoir


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