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Cacao, afrohouse et amour universel

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07.06.2024

Je sors de mon auto où j’ai passé les deux dernières heures à observer la faune devant le Cabaret Mado, les drags, les rastas blancs et les accros aux paradis artificiels, tout en mangeant une barre tendre oubliée dans le coffre à gants. Un souper presque parfait. J’essuie le mascara coulé, les planètes sont alignées tout croche, la barre tendre était rance, c’est vendredi soir et je suis attendue pour me joindre à une expérience de cacao cérémoniel et de danse extatique. J’ai autant envie de ça que de me faire extraire une molaire par un arracheur de dents qui dit la vérité.

Ce soir, je rencontre Véronique Chagnon, une ex-collègue qui a la gentillesse de m’initier à ses transes en danse. Tout le monde va nu-pieds dans cette salle discrète. Il y a de l’encens, une lumière tamisée : un cocon urbain. On attend 70 personnes pour cette messe hebdomadaire sobre, des descendants des hippies, mais en leggings ou en shorts.

Downtempo et afrohouse, tambours et hululement d’oiseaux rencontrent le cacao épicé équitable en spécial chez Costco. Il faut boire le shooter de cacao épais avec une intention, nous prévient le barista tatoué pis toute. Ça mériterait une visite guidée, ces fresques corporelles.

En ces lieux semi-sacrés païens, on mélange allègrement imagerie bouddhiste, astrologie, sound healing, mouvement intuitif et guérison de groupe. Les filles en chest et les garçons ambigus sont les bienvenus.

J’aime l’ambiance feutrée, malgré les scènes usuelles de hugs interminables entre habitués. Ils te donnent l’impression que tu vas peut-être finir tout nu dans une secte digne de devenir virale grâce à une infiltration de l’émission Enquête. J’absorbe le mood bienveillant et apaisant, même si le théâtre de la spiritualité me lasse, le même que dans les années 1970.

C’est le grand retour, 50 ans plus tard. Pas seulement au Québec, partout ! Cette mise en scène n’est pas pire qu’une autre, et elle a l’avantage de laisser la cravate et les souliers au vestiaire. Peace and love ; nous en avons bien besoin.

C’est le grave problème de cette société : elle est pleine de désirs de consommer et de paraître, mais il y a très peu d’envie d’être

Véronique arrive avec sa bouteille d’eau et son sourire franc. Elle n’a pas l’air d’une mère de famille d’un bébé d’un an qui s’est shooté........

© Le Devoir


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