Les soleils noirs du nucléaire
Chaque mois d’août surgit le souvenir des soleils noirs de Hiroshima et de Nagasaki. Hiroshima, 6 août 1945. Nagasaki, 9 août 1945. Des centaines de milliers de morts. Harry Truman, le président américain à l’époque, avait-il au moins l’excuse de ne pas savoir dans quel étrier il mettait le pied ?
Nous vivons toujours à l’ère de l’enfer nucléaire. La destruction de la planète entière ne s’est jamais trouvée autant à notre portée. Pourtant, nous feignons de l’ignorer.
L’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI) affirmait cet été, sur la base des travaux de 17 chercheurs, que « nous vivons actuellement l’une des périodes les plus dangereuses de l’histoire ». Le directeur du programme sur les armes de destruction massive du SIPRI, Wilfred Wan, invitait les dirigeants du monde à prendre un pas de recul pour qu’ils évitent de nous faire basculer dans l’abîme.
Neuf pays possèdent des armes atomiques, capables de réduire plusieurs fois en bouillie la vie sur Terre. L’an passé, à l’heure où la guerre était livrée en Ukraine et en Palestine — tandis que les conflits meurtriers en Syrie, au Haut-Karabakh, au Yémen, au Congo, au Myanmar et ailleurs passaient presque inaperçus —, les dépenses pour l’armement nucléaire ont augmenté de 13 %, selon un rapport de la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires.
L’industrie militaire du nucléaire prospère. Elle fonctionne sur la base de dépenses annuelles, dont le cumul dépasse désormais la mirobolante somme de 91 milliards de dollars. Pour les neuf pays armés jusqu’aux dents, cela équivaut à des sorties d’argent de 250........
© Le Devoir
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