La mer financière
Par rapport à la mer, le village de Saint-Malo compte au Québec parmi les plus hauts. C’est ce que clame, pour assurer sa publicité, cette petite municipalité accrochée à une crête des Appalaches. Saint-Malo s’enorgueillit du fait qu’il est possible, depuis ses hauteurs, de voir bien loin. Au point d’avoir construit, à l’entrée du village, du côté de la route qui conduit à Malvina, une tour d’observation. Cette tour donne de la dimension à sa prétention. J’y suis monté plus d’une fois. Même par temps clair, je n’ai pas vu la mer.
Dès le mois prochain, il n’y aura plus de guichet automatique à Saint-Malo. Là comme ailleurs en région, Desjardins les retire afin de maintenir la courbe ascendante de ses jolis surplus.
Tout près de Saint-Malo, sur un autre vallon des Appalaches, se trouve planté un village un peu plus gros : Saint-Isidore. Celui-là perd sa Caisse populaire. Elle était logée dans un de ces bâtiments hideux que cette institution financière riche à milliards a construits en série durant des décennies, au mépris de l’allure des villages. Rien de plus malheureux comme bâtiments institutionnels, sinon peut-être les bureaux de poste érigés par le gouvernement fédéral dans un même esprit fonctionnaliste étroit et asséchant, sans lien eux non plus avec l’architecture du pays.
Plus de guichet automatique à Saint-Malo donc. Et plus de Caisse populaire à Saint-Isidore. Où diable la population, en particulier les aînés, devra-t-elle aller ? Encore faut-il être motorisée pour envisager d’aller ailleurs, car en ces lieux, plus........
© Le Devoir
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