La chasse au trésor
La pierre blanche de sa mine, mon grand-père la prenait pour du lait, pour du miel, pour de l’or. Ce n’était pas exactement sa mine. Il avait obtenu, tout au plus, le droit de creuser la terre avec ses dents au milieu des bois. Entre ses mains, il tenait ce qui s’obtient encore facilement : un claim minier. Ce faisant, le gouvernement l’avait autorisé à travailler jour et nuit. Jusqu’à s’enterrer vivant.
Trouver de l’or jaune est un rêve. Le sien était un rêve blanc. C’était celui de faux diamants. Du simple quartz. Même s’il avait continué de creuser toute sa vie, la veine qu’il avait repérée était trop pauvre pour le rendre riche.
De cette pierre dure et translucide vient l’expression « faux comme des diamants du Canada ». Jacques Cartier s’était cru béni de Dieu après avoir mis la main sur du quartz. Cela nous a laissé le nom d’un lieu : le cap Diamant. C’est de là que Québec se mire encore dans les eaux du Saint-Laurent, en se prenant pour un joyau de la couronne.
Mon grand-père parlait de la mine. Sa mine. Il en parlait avec du soleil au fond des yeux. Son propre système solaire s’était mis en place autour de ce trou à ciel ouvert qui s’était pourtant effondré sur lui avant de se remplir d’eau. Il y avait perdu sa chemise, après y avoir consacré son temps, son sang, ses enfants, son peu d’argent.
Pourtant, même une fois sorti de ce trou du malheur, il continuait de le creuser avec sa bouche, sa langue, ses dents.........
© Le Devoir
visit website