Fini le Bla-Bla?
Êtes-vous, comme Balzac l’a été, de gros buveurs de café ?
L’auteur de La comédie humaine avalait des litres de café. Jusqu’à cinquante tasses par jour, répète-t-on. Le chiffre, à première vue, semble excessif. Mais comme Balzac l’était en toutes choses, ce n’est pas impossible. Tant de café, en tout cas, n’a pas dû beaucoup l’aider à réguler au quotidien son insuffisance cardiaque.
Cet homme était écrasé par le poids des dettes autant que par les ennuis de santé. Balzac consommait du café pour se tenir allumé, pour continuer de tout flamber, en cumulant les pirouettes offertes par le crédit. Il avançait à corps perdu.
Ses créanciers le poursuivaient comme des chiens assoiffés de sang. N’importe qui aurait craqué. Pas lui. Rien ne l’aurait empêché de continuer. Il anticipait en la défiant à sa façon, en grand champion, cette société de consommation débridée dans laquelle nous sommes désormais tous plongés jusqu’à nous y noyer.
Son café, Balzac s’en occupait lui-même. Toujours à la recherche des meilleurs grains, il les assemblait dans un savant mélange de son cru. Une mixture dont la concentration promettait de réveiller même un cheval mort. C’était du feu, de la lave, des éclairs, l’enfer.
« Le café tombe dans votre estomac », écrit Balzac. Dès lors, « tout s’agite », ajoutait-il. « Les idées s’ébranlent comme les bataillons de la Grande Armée sur le terrain d’une bataille, et la bataille a lieu. » Et dans la bataille de ses pensées, quand une idée générale lui arrivait à la suite d’une gorgée de café, Balzac........
© Le Devoir
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