En souvenir de Pierre Beaulieu
Au moment de prévenir un journaliste que son texte était retenu pour être publié en première page, Pierre Beaulieu ne disait pas un mot, se plantait droit devant son bureau, puis, fléchissant un peu les genoux, prenant dès lors une allure décalée de coach de baseball, le pointait de ses deux index et, d’un mouvement rapide, ramenait d’un coup sec ses deux pouces vers lui. Cette gestuelle caricaturale, tant de fois répétée par Beaulieu au milieu de la salle de rédaction du Devoir, était connue de tous. Elle faisait sourire.
Pierre Beaulieu vient de nous quitter. Il a été, au Devoir comme ailleurs, un chef de pupitre haut en couleur, après avoir connu une carrière de journaliste sous diverses enseignes. Il fut le premier francophone nord-américain à couvrir le Tour de France. Avec sa dactylo sous le bras, il s’était retrouvé dans une caravane où, de restaurants en hôtels, il parvenait à écrire des papiers d’ambiance. Avec lui, je discutais sans fin de champions, comme Merckx et Ocaña, mais aussi de Pierre Foglia ou de Réjean Tremblay, qui le faisaient pédaler. C’est qu’à La Presse, Pierre Beaulieu avait eu la charge du pupitre des sports, bien avant de passer au Devoir, où rien n’a jamais pressé de ce côté.
Comme journaliste, il fut longtemps associé au monde du spectacle. Le journaliste Sylvain Cormier, collectionneur invétéré, a compulsé des papiers de Beaulieu consacrés à Harmonium, Beau Dommage, Offenbach, Pink Floyd au Stade olympique, Emerson, Lake & Palmer, tout en rappelant qu’il fut le seul journaliste........
© Le Devoir
visit website