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Le Royalmount, un non-lieu réactionnaire ?

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17.09.2024

Le 5 septembre 2024, le Royalmount ouvrait ses portes au public. Une « destination art de vivre », un « district », où l’on trouve une « offre gourmande » un « parcours d’art public » ainsi qu’une « programmation artistique et culturelle riche et variée », peut-on lire sur le site Internet. Bref, ceci n’est pas un centre commercial auraient pu dire les promoteurs du projet. Cependant, dans un tel contexte, l’oeuvre d’art n’en n’est plus une. Elle fait partie d’un dispositif complexe d’attraction et de séduction. Elle est réduite à l’état d’ingrédient pour créer une ambiance, de divertissement visuel pour nous faire oublier l’envers de l’endroit, la véritable raison d’être du lieu. Elle ne nous fait pas vivre une expérience sensorielle et affective libératrice, susceptible de conduire à la réflexion. Mais, surtout, le vocable « art public » enfonce le clou sur le mensonge originel du centre commercial : il se présente comme un lieu public, alors que c’est un lieu privé dont les promoteurs n’ont qu’un seul véritable but, maximiser les ventes par unité de surface.

Sis au croisement de deux autoroutes très fréquentées, le Royalmount est un centre commercial régional qui mise gros sur le trafic automobile, exactement comme à l’origine, dans les années 1950. À la différence près que, dans les premières années, cette innovation urbanistique et architecturale avait été pensée en termes de décentralisation. Le développement rapide des quartiers de banlieue rendait les centres-villes congestionnés. Le centre commercial est devenu une solution. Le problème est qu’il est devenu la solution.

Appliquée sans discernement, elle a causé un nouveau lot de problèmes. La plupart des villes en Amérique du nord sont devenues, en termes de vitalité commerciale, comme des « beignes » : garnies sur le tour, vides dans le centre. La raison est simple. Le centre commercial a réussi là où les centres-villes ont échoué : propreté, sécurité, accessibilité automobile. Il aurait pu en être autrement, mais outre l’assujetissement du politique à l’économie, c’est l’idéologie de la société de consommation qui a favorisé cette transformation de nos villes. En effet, celle-ci porte au pinacle le confort et la sécurité........

© Le Devoir


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