Victoires à la Pyrrhus
« Il faut que tout change pour que rien ne change », dit le dicton attribué à Tancrède, le jeune noble interprété par Alain Delon dans Le guépard de Visconti. Rarement une phrase aura mieux décrit le psychodrame qui s’est joué en France depuis trois semaines.
Tel est en effet le bilan de ces élections législatives déclenchées sur un coup de tête par Emmanuel Macron dans des délais qui ignorent toute exigence démocratique. Comment qualifier autrement des élections qui auront tout au plus permis à un président narcissique de revenir au centre du jeu, pour un temps du moins, et enfoncé le pays dans une forme de paralysie durable dont il ne pourra pas sortir avant un an, une nouvelle dissolution n’étant pas possible plus tôt ? À moins que le cauchemar ne dure jusqu’à la prochaine présidentielle, dans un peu moins de trois ans.
Car les « barrages » ne font ni un programme ni une majorité. On aura beau tourner les résultats dans tous les sens, personne ne sort victorieux de cette inutile saga électorale. Quel qu’il soit, le prochain gouvernement devra gouverner par ordonnances et faire passer ses lois à coups de procédures d’exception.
À tout seigneur tout honneur, commençons par la gauche, qui est la seule à crier victoire dans la cacophonie ambiante. Avec 182 députés, le bloc de gauche du Nouveau Front populaire arrive miraculeusement en tête, mais à des kilomètres de la........
© Le Devoir
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