Le syndrome Giorgia Meloni
Les chemises brunes devaient envahir le Colisée et leurs milices armées déferler sur la Piazza del Popolo au pas de l’oie. Vingt mois après l’élection de Giorgia Meloni, on n’en a toujours pas vu la trace. Un indice aurait dû nous mettre la puce à l’oreille : si la presse étrangère la qualifiait d’« extrême droite néofasciste », la presse italienne était beaucoup plus réservée. Peut-être parce qu’elle savait que, malgré ses errements de jeunesse, Meloni était issue d’un parti, celui de Gianfranco Fini, qui avait radicalement rompu avec l’héritage du fascisme, le qualifiant même de « mal absolu ».
Mais comment résister à la passion morbide de se rejouer les grands moments de l’histoire ? L’actualité récente n’a cessé de démentir ces scénarios fantaisistes. En tête des sondages des élections européennes, la présidente du Conseil italien a non seulement réussi un parcours pratiquement sans fautes dans son pays, mais elle est en train d’imprimer sa marque bien au-delà de la péninsule italienne.
De Mussolini au « Cavaliere », en passant par le techno-populiste Beppe Grillo, l’Italie a souvent été aux avant-postes des nouveaux courants politiques. Il se pourrait que celle qui est entrée en politique à 15 ans, révoltée de l’assassinat des juges Falcone et Borsellino par la mafia sicilienne, soit la dernière de la liste.
Pour saisir le phénomène Meloni, il faut d’abord comprendre les origines du populisme. Celui-ci est né de la colère........
© Le Devoir
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