Le sexe chez les bonobos
Amber était une jeune femelle chimpanzé qui vivait au zoo d’Arnhem, aux Pays-Bas. Un jour, le primatologue Frans de Waal la voit arriver en claudiquant, tenant contre son ventre une vieille tête de balai comme si elle portait un nouveau-né. Pendant des semaines, elle a materné cet objet comme si c’était un enfant. En Ouganda, on a vu des femelles chimpanzés faire la même chose avec des rondins. Lorsqu’on donne une poupée de chiffon à de grands singes, il arrive que les mâles la déchiquettent pour voir ce qu’il y a à l’intérieur. Les femelles, elles, la traitent avec douceur, la plaquent contre leur corps et en prennent soin.
Lorsque j’ai appris que des militants protestaient contre l’absence d’une personnalité trans dans le comité de sages créé par la ministre de la Famille, Suzanne Roy, pour étudier l’identité de genre, je me suis demandé : pourquoi n’y nommerait-on pas un primatologue ? Pour comprendre la différence et les liens entre le sexe et le genre, rien n’est plus éclairant que le point de vue de ces spécialistes des grands singes, dont nous partageons tout de même 96 % du patrimoine génétique.
D’ailleurs, si je peux me permettre, on ne saurait suggérer lecture plus enrichissante aux sages de ce comité que l’excellent livre de Frans de Waal intitulé Différents. Le genre vu par un primatologue.
Rien de tel, en effet,........
© Le Devoir
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