Le grand absent
Tout était réglé au cordeau. De la revue des militaires au ballet des chefs d’État, en passant par le discours d’Emmanuel Macron, qui est passé maître dans cet art de la commémoration qui consiste à évoquer l’histoire sans oublier les subtiles allusions au présent. Pas un fil ne dépassait. Mais il y avait un vide. Un immense vide. Où était donc la Russie ?
On avait pensé l’inviter. La rumeur avait circulé d’une simple délégation de vétérans. Moscou s’était déclaré ouvert. Résultat : même l’ambassadeur de Russie en France a été prié de rester chez lui. Pour honorer les 27 millions de Soviétiques tombés sous les balles allemandes entre juin 1941 et mai 1945 — qui représentent 88 % des pertes alliées en Europe —, on s’est contenté de fleurir quelques tombes. Pourtant, sans le front de l’Est, n’y aurait-il jamais eu un débarquement victorieux sur celui de l’Ouest ?
Évidemment, il n’était pas possible d’inviter Vladimir Poutine alors que la guerre en Ukraine s’enlise et que la France, pour on ne sait trop quelle obscure raison, multiplie les discours va-t-en-guerre au point d’évoquer la possibilité d’envoyer des hommes sur le terrain. Quand on ne maîtrise plus rien, comme c’est le cas de cette fin de régime, l’escalade verbale (à défaut d’être militaire) permet au moins d’occuper l’espace médiatique.
Cette absence n’est pas anodine et représente une rupture. Rupture avec la........
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