Exception culturelle
« La culture, c’est comme un parachute, quand on n’en a pas, on s’écrase », disait l’humoriste français Pierre Desproges. Mais de quelle culture parlait-il ? De celle des livres ou de celle des topinambours ? De celle des musées ou de celle des betteraves ? De Mozart ou du bio ?
Ce n’est pas un hasard si, avec les siècles, le mot culture en est venu à désigner indifféremment ce qui se retrouve dans notre assiette et dans notre bibliothèque. Nombre d’écrivains vous expliqueront qu’il y a plus qu’une étymologie commune entre l’action de labourer un champ et celle d’écrire en remplissant des lignes, qui sont autant de sillons où l’on sème des mots. Dans ces deux gestes, il y a ce qu’on peut appeler l’action de transmettre. Transmettre la vie d’un côté, celle de l’esprit de l’autre. Dans les deux cas, cela implique un temps long, celui de la maturation, de la croissance et du passage des saisons.
Les agriculteurs français ont beau être moins de 500 000 aujourd’hui, il existe un lien organique entre eux et les Français. Un pays ne peut pas avoir couvé une « économie paysanne » jusqu’au XXe siècle, comme le disait Fernand Braudel, sans que cela laisse des traces. Il ne peut pas se définir à ce point par sa gastronomie, ses paysages et son art de vivre sans que les paysans soient au coeur........
© Le Devoir
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