«Reductio ad Hitlerum»
En me levant, j’étais convaincu de m’être trompé de siècle. À la radio, il était question d’Édouard Daladier et de Neville Chamberlain. Plus tard, on a évoqué les accords de Munich et le ghetto de Varsovie. Mais à quelle époque étais-je donc ? Je m’étais pourtant endormi en 2024 !
La veille, le parti d’Emmanuel Macron, Renaissance, avait lancé sa campagne des élections européennes. Tous les barons de la macronie étaient rassemblés à Lille autour de leur tête de liste, Valérie Hayer. Peut-être pour se donner un peu de contenance, celle qui était hier encore une parfaite inconnue y est allée d’un long discours truffé de références historiques. Rien de tel pour en imposer… à condition bien sûr de ne pas se tromper.
La candidate s’est lancée dans une dénonciation tous azimuts de l’« esprit munichois ». De sinistre mémoire, la capitale de la Bavière est ce lieu où, en 1938, l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni et l’Italie ratifièrent le dépeçage de la Tchécoslovaquie, ouvrant ainsi la porte aux visées bellicistes de Hitler. Et la candidate de s’exclamer : « Hier, Daladier et Chamberlain ; aujourd’hui, Le Pen et Orbán. Les mêmes mots, les mêmes arguments, les mêmes débats. Nous sommes à Munich en 1938. »
Il aura suffi d’une fraction de seconde pour que ce parallèle audacieux fasse aussitôt s’esclaffer tous les historiens de France et de Navarre. En effet, Daladier ne signa cet accord qu’à contrecoeur,........
© Le Devoir
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