Du financement public des arts ou le jeu de Serpents et échelles
Cette missive tient son origine d’une vexation personnelle : depuis 15 mois, c’est 18 demandes de financement consécutives qui m’ont été refusées. Ces demandes ont été acheminées aux trois paliers de gouvernement pour trois entités artistiques : des projets individuels (à titre d’auteur publié aux Éditions du Boréal, finaliste aux Prix littéraires du Gouverneur général), des projets avec Cosimu, un organisme dédié à l’initiation à la création, des projets avec Va ! arts vivants (productrice de Run de lait, Prix de la critique 2021-2022, présenté près de 100 fois).
Je ne prétendrai pas que mon art, notre art soit particulièrement utile. Non, je dirai simplement que notre art est en demande, et que la conjoncture actuelle nous empêche d’honorer cette demande. Mais en cette période de mise à mal du collectif, il me serait mal avisé de réclamer davantage d’argent pour les arts. Je prononcerai plutôt la plus grande hérésie qui soit : je ne voudrais pas qu’on y investisse un sou de plus tant et aussi longtemps qu’on en décalcifie la redistribution.
Prenons un cas de figure : le programme Pulsion numérique du Conseil des arts du Canada. Ce programme s’inscrivait dans une enveloppe de 200 illions de dollars sur cinq ans du Fonds d’innovation stratégique. Le volet 1 de Pulsion numérique proposait d’aller chercher jusqu’à 40 000 $ pour, grosso modo, analyser le potentiel de visibilité numérique d’un organisme culturel.
Le 40 000, le plus souvent, sert à commander à un organisme externe une étude de marché. Avec ce PDF sibyllin d’une dizaine de pages en main, l’organisme pourra demander le volet 2, débloquant jusqu’à 100 000 $ pour la réalisation des recommandations de ladite étude. J’ai épluché des bilans annuels de certains organismes qui l’ont eu ; entre le charabia, j’ai déduit que l’essentiel des ressources étaient allées à l’amélioration de sites web, des pratiques infonuagiques à l’interne, puis des campagnes numériques ciblées.
Au-delà des vertus........
© Le Devoir
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