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Si j’écrivais à ceux qui gouvernent…

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21.06.2024

Il n’a pas de musée en son honneur, seulement une statue et cette inscription sur le piédestal : « Resté fidèle à la Charte / de la vieille Chevalerie Française / en un siècle brutal et dépravé / Bayard / homme d’honneur de foi et de bonté / a bien mérité le surnom / de Chevalier sans peur / et sans reproche ». J’ai rencontré le chevalier Bayard au siècle dernier dans un amphithéâtre universitaire. Je revois celui qui allait devenir mon directeur de thèse en dévaler régulièrement les escaliers, haranguant son auditoire sur les vertus de ce chevalier blanc, empreint de courage, de droiture et de morale, gouvernant la province du Dauphiné sans peur des vents contraires et se battant pour ses valeurs jusqu’à en mourir…

Or ce début de siècle est parfois, et à certains égards, aussi brutal que celui qu’a connu Bayard. Il y a dans le constat presque physiquement douloureux que la démocratie agonise dans nos bras, dans les tensions géopolitiques croissantes qui font résonner les tambours de la guerre, dans cette sensation que le monde étouffe chaque jour un peu plus sous l’empire des changements climatiques, ce sentiment frustrant de ne pas avoir de prise, cette impuissance envahissante, oppressante, tétanisante.

Même si beaucoup souhaitent agir pour changer le cours de choses, nombreux vivent le syndrome du colibri, ce minuscule volatile qui, dans la légende, cherchait à contribuer à éteindre un incendie en transportant de l’eau dans son bec, une goutte à la fois, faisant sa part, tout en illustrant la vacuité des actions individuelles dans un monde qui nous dépasse.

Est-ce pour cette raison que les foules se font charmer par les sirènes des extrêmes ?........

© Le Devoir


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