Pour un seau de peinture rouge
Nous sommes en 2013. Cette année-là, les caricaturistes ont abondamment utilisé leur crayon magenta pour barioler leurs croquis du Moyen-Orient de lignes rouges — en zigzag, en pointillé, en noeuds — raillant la fameuse ligne rouge d’Obama. Celle que Bachar al-Assad ne devait jamais franchir : celle de l’emploi des armes chimiques. Cette même ligne rouge qu’avait tracée le président américain le 20 août 2012, exactement un an plus tôt. Celle-là même que le président syrien a sautée à plusieurs reprises, jusqu’à cette terrible nuit du 21 août 2013, à la Ghouta. Cette ligne à laquelle le président américain allait renoncer, reculant sur ses engagements, en septembre 2013. Marquant les esprits et teintant son dernier mandat d’un air de déroute.
Au point où, dans un Washington post-Obama, on avait banni cette notion. Des lignes rouges, il n’y en aurait plus.
Il faut dire qu’une année après le massacre de la Ghouta, le président russe en a franchi une à son tour en entrant en Crimée. Et encore six ans plus tard, en franchissant les frontières de l’Ukraine. Les caricaturistes ne s’y sont pas trompés, liant tous ces événements d’un même trait. Ils ont de nouveau saisi leur seau de peinture rouge pour tracer un Poutine se raillant de cette ligne rouge venue de Syrie. Qu’ils le dépeignent la traversant, l’effaçant ou en train d’indiquer au président américain qu’il ne lui restait probablement pas assez de crédit (et de peinture) pour en tracer une nouvelle. Ni ici ni ailleurs. Et pourtant.
Au Moyen-Orient se........
© Le Devoir
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