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La porte des larmes

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20.01.2024

Au milieu du passage, large de 29 kilomètres, de Bab el-Mandeb (dont le nom en arabe signifie littéralement « la porte des larmes »), les marins voient les côtes de Djibouti et du Yémen. À portée de voile. À portée de missile.

Dans ce petit goulot d’étranglement du commerce mondial se déroule un jeu dont les ramifications vont au-delà des revendications des Houthis. Bien au-delà de la tragédie gazaouie. Du conflit israélo-palestinien. Au-delà de la rivalité irano-saoudienne. Alors que l’année vient tout juste de commencer sur fond de tragédies humaines, c’est l’équilibre géopolitique maritime mondial qui vacille.

Un paysage qui a largement été défini, à la fin de la guerre froide, par les mers ouvertes de la Pax Americana. Après tout, l’un des grands stratèges de l’histoire des États-Unis était l’amiral Mahan, qui a construit sa pensée stratégique autour d’un pays inachevé (les derniers États continentaux — Arizona, Nouveau-Mexique — à intégrer l’Union le font juste avant la Première Guerre mondiale) : pour lui, tout se jouait en mer. Appuyés sur cette vision, les États-Unis ont développé une approche stratégique articulée autour du lien irréfragable entre prospérité et sécurité, flux commerciaux et liberté de navigation.

Les conventions onusiennes, mais aussi la maîtrise des mers, ont assuré une paix relative globale, où pirates et corsaires avaient globalement fait leur temps. Les chaînes d’approvisionnement se sont construites sur des corridors maritimes fluides et interconnectés. La pandémie, en jetant un tournevis dans le moteur de l’approvisionnement mondial, a révélé des vulnérabilités déjà manifestes : il suffit de se remémorer la mésaventure du porte-conteneurs Ever Given en mars 2021, qu’une........

© Le Devoir


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