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La fracture étasunienne

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17.03.2024

Il fallait une dizaine de minutes pour quitter l’église catholique du Sacré-Cœur de McAllen pour se rendre au petit bâtiment de plain-pied, à cinq coins de rue de là, sur Main Street, qui abrite l’une des dernières cliniques pratiquant les interruptions volontaires de grossesse au Texas. Sur le parvis, les fidèles distribuaient des dépliants antiavortement qui en dénonçaient les activités.

Un an et demi après l’annulation de Roe v. Wade, le paysage a changé. La clinique Whole Women’s Health a fait place (après qu’un prête-nom en eut fait l’acquisition) à un groupe anti-choix, le McAllen Pregnancy Center. Depuis longtemps situé trois portes plus loin, il a symboliquement investi le bâtiment. Un peu comme une puissance belligérante viendrait occuper un lieu de pouvoir après avoir âprement combattu et remporté une portion de territoire. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’on parle de « guerres culturelles ».

En effet, si l’immigration est devenue le cheval de bataille du camp républicain, le droit au choix en santé reproductive est désormais celui des démocrates : c’est une véritable guerre de tranchées politique qui se dessine… et dont la société américaine ne sortira pas gagnante.

Cette fracture est l’aboutissement de fissures tracées par plusieurs décennies de coups de boutoir du mouvement anti-choix qui, à force de soutien à des législations radicales et de contestations judiciaires, a fini par obtenir gain de cause (il vaut la peine de revoir le documentaire Reversing Roe sur Netflix pour comprendre le procédé). La mobilisation politique du droit a payé et une poignée de juges de la Cour suprême des États-Unis a fini par tracer un profond sillon dans le droit et dans la société, dont ils ne semblent plus pouvoir s’extraire.

Ce n’était pourtant pas leur destinée........

© Le Devoir


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